ORIGINES DU SCAPULAIRE (Il y a 762 ans)
Le 16 juillet 1251, Simon Stock, moine anglais, alors Général de l'Ordre du Carmel, suppliait la glorieuse Vierge, Mère de Dieu et Patronne de l'Ordre, de doter de quelque privilège spécial les Frères qui portaient son nom, afin de mettre un terme aux persécutions incessantes suscitées par l'envie et la jalousie et qui menaçaient de les anéantir. Souvent, à travers ses pleurs et ses sanglots, il redisait à la Madone:
« Fleur du Carmel, vigne fleurie, « Splendeur du ciel, Vierge Marie,
« Mère incomparable, « Douce Mère qui ne connut point d'homme, « Aux enfants du Carmel donnez un gage tangible de votre protection,
« Étoile de la mer.»
Sa foi fut merveilleusement exaucée. Pendant la nuit du 15 au 16 juillet 1251, alors qu'il renouvelait son instante prière, la Reine du ciel lui apparut environnée d'une multitude d'anges, et tenant un scapulaire en main, elle lui dit ces mémorables paroles :
« Reçois, mon cher fils, ce scapulaire de ton Ordre comme le signe distinctif de ma confrérie et la marque du privilège que j'ai obtenu pour toi et les enfants du Carmel. Celui qui mourra revêtu de cet habit sera sauvé, il ne souffrira jamais des feux éternels. C'est un signe de salut. Une sauvegarde dans les dangers, un gage de paix et d'éternelle alliance. »
Une relation de saint Simon Stock et une bulle du pape Jean XXII prouvèrent l'authenticité de cette royale et maternelle faveur de la Reine du Carmel. C'est ce qui a donné naissance à la célèbre Confrérie de Notre Dame du Mont Carmel, enrichie de si nombreuses indulgences et qui s'est répandue dans le monde entier. Tous les fidèles qui entrent dans cette Confrérie — généralement à l'époque de la première communion — participent aux mêmes privilèges que les membres de l'Ordre. Et c'est la catholicité presque entière qui constitue, de fait, l'innombrable famille du Carmel.
Mais la Très Sainte Vierge, par une munificence nouvelle, voulut ajouter encore à ce premier bienfait. Le 3 mars 1322, elle apparut au pape Jean XXII et voici ce qu'on lit dans un ancien document qui a popularisé la « Bulle sabbatine ».
« Le pape Jean XXII, profondément angoissé en son âme et en butte en même temps à la tribulation extérieure, plaçait avant tout sa confiance dans la glorieuse Vierge Marie, Mère de Dieu. Un certain jour, avant son élection, tandis qu'il était plongé dans la prière et implorait dévotement le secours de Marie, cette bienheureuse et toujours Vierge Marie, Mère de Dieu, lui apparut revêtue du costume de l'Ordre du Carmel et lui tint ce langage:
« O Jean! O Jean!... Vicaire de mon Fils bien-aimé, de même que je te délivrerai de ton adversaire, ainsi par l'effet de mes prières adressées à mon très cher Fils, je te fais Pape et te constitue Vicaire de mon Fils. Vois donc, comme moi je t'ai obtenu cette grâce magnifique pour que tu la payes à mon Ordre, à mes frères particuliers et que tu confirmes la Règle que commencèrent à vivre Elie et Élisée au Mont Carmel et que composa mon serviteur, le patriarche Albert, et comme Innocent, Vicaire de mon Fils et ton prédécesseur, leur imposa cette Règle pour la rémission de leurs péchés, de même donneras-tu à mon Ordre, en mon nom et au nom de mon Fils ce privilège : Que quiconque entrera en cet Ordre et observera dévotement ce genre de vie, sera sauvé éternellement et délivré de la peine et de la coulpe. Et si au jour de leur passage en l'autre vie ils sont amenés au purgatoire, j'y descendrai le samedi qui suivra leur décès et je délivrerai ceux que j'y trouverai et les ramènerai à la montagne sainte et à la vie éternelle.»
Par ce second privilège, la Reine du ciel s'est engagée à consoler, à soulager et à faire sortir du purgatoire le plus tôt possible les confrères qui ont porté le scapulaire de Notre Dame du Mont Carmel pendant leur vie. Cette promesse, faite soixante dix ans après la première, fut publiée par le pape Jean XXII dans une bulle célèbre, communément appelée « Bulle sabbatine ». L'authenticité d'un privilège aussi extraordinaire fut attaquée à diverses reprises, mais plusieurs souverains pontifes en prirent la défense. Paul V, en particulier, fit publier en 1613 un décret dans lequel il déclare ce qui suit :
« II est permis aux Pères Carmes de prêcher que les fidèles peuvent admettre la pieuse croyance au secours accordé, après leur mort, aux religieux et aux confrères de l'Association de Notre-Dame du Mont Carmel. Il est permis, en effet, de croire que la très sainte Vierge aidera les âmes des religieux et des confrères morts en état de grâce, pourvu qu'ils aient porté le scapulaire, gardé la chasteté selon leur état et récité le petit Office de la Sainte Vierge, ou s'ils ne savent pas lire, pourvu qu'ils aient observé les jeûnes de l'Église et se soient abstenus de manger de la viande le mercredi et le samedi, à moins que la fête de Noël ne tombe l'un de ces jours.* Les prières continuelles de Marie, ses pieux suffrages, ses mérites et sa spéciale protection leur sont assurés après leur mort, surtout le samedi qui est le jour consacré à la sainte Vierge. »
Un siècle plus tard, Benoît XIII, voulant augmenter encore dans les âmes la dévotion au scapulaire, ordonna que dans toute l'Église, chaque année, le 16 juillet, on réciterait l'office et on célébrerait la messe de Notre-Dame du Mont Carmel. A cette occasion, il fit insérer dans le Bréviaire une leçon, la sixième, qui tout en reproduisant en substance le décret de Paul V, cité plus haut, fait connaître davantage l'affection et la sollicitude maternelle dont la Vierge Marie entourera ses protégés au purgatoire.
C'est donc de Rome même que les Carmes reçoivent la permission de prêcher le privilège en question, privilège réservé tout d'abord aux religieux et aux moniales du Carmel puis aux tertiaires du même Ordre, et enfin à tous les membres de la Confrérie du Scapulaire. Si ce privilège ne laisse pas d'offrir de très précieux avantages, il faut toutefois nous garder d'une fausse sécurité qui nous ferait négliger l'expiation de nos fautes dès cette vie, sous le prétexte que Marie nous soulagera dans le purgatoire et nous en fera sortir promptement. Il est donc important de se bien rappeler les conditions énumérées dans le décret de Paul V, conditions qui ont été posées par la sainte Vierge elle-même.
Note : *. — L'une et l'autre de ces obligations peuvent être commuées, pour raisons sérieuses, en d'autres œuvres pies, par exemple, la récitation quotidienne du chapelet ou de sept Pater, Ave et Gloria. Tout confesseur a ce pouvoir de commuer (Léon XIII, 14 juin 1901). « L'œuvre à imposer dans ces commutations dépend du prêtre autorisé à cet effet; celui-ci en jugera suivant la gravite des motifs, en tenant compte de la condition, de la santé et des diverses circonstances de ceux en faveur de qui il use de son pouvoir ».
(Cf. beringer, Les indulgences, tome 2, page 191 — 1932). Le petit office de la Sainte Vierge peut être récité en langue vulgaire (Léon XIII, 14 juin 1901).
Extrait de : LE SCAPULAIRE DE NOTRE-DAME DU MONT-CARMEL
Par une Carmélite de Montréal. (1955)
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