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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

8 décembre 2012 6 08 /12 /décembre /2012 19:36

 

La fête de l'Immaculée Conception nous apporte un grand enseignement en nous dévoilant les pensées du Christ, ses préférences, son cœur.

 

Quand, pour nous sauver, le Fils de Dieu veut entrer dans notre race humaine, se faire homme comme nous et avoir une maman comme nous, il choisit une femme toute belle, c'est-à-dire toute pure, dont l'âme n'a jamais voulu ni subi le péché.

 

Nous le savons par l'Évangile, le Christ, tout au long de son ministère public, se montrera extraordinairement accueillant pour tous ceux qui viendront à lui, il faut même dire scandaleusement accueillant pour les pécheurs : oui, ses manières de faire éton­neront jusqu'au scandale ceux qui avaient de la respectabilité, de la considération, de la tenue.

 

« Comment ! Diront les Pharisiens aux disciples de Jésus, votre Maître mange avec les pécheurs pu­blics, avec ceux qui violent la Loi ostensiblement, les collecteurs d'impôts, les nouveaux riches gorgés de profits illicites ! Comment ! Diront-ils, lorsque, pendant une réception, une femme viendra verser des parfums sur les pieds du Christ, il se laisse approcher par cette dévergondée dont la mauvaise conduite est notoire!... On voit bien qu'il n'est pas un prophète et qu'il ne devine guère les âmes. »

 

Il faudra que le Christ justifie cet accueil qu'on estime trop facile, il faudra qu'il raconte les para­boles immortelles : Cette pièce de monnaie perdue et retrouvée par la pauvre ménagère, cette brebis éga­rée, ramenée par le berger tendrement sur ses épau­les, cet enfant ingrat qui, revenant après sa fugue, ruiné, famélique, déshonoré, est reçu par son père avec des embrassements ; il faudra que le Christ fasse la théorie de sa pratique et qu'il déclare : « C'est pour les malades que je suis venu, pour ceux qui ont besoin de médecin. Que ceux qui pensent être en bonne santé me laissent à mes malades. »

 

 Et de fait, jamais en présence des pécheurs il ne prend d'attitude hautaine qui les humilierait, jamais il n'affecte de grands airs de dignité, jamais il ne trahit le moindre dégoût. Après tout, le médecin qui, devant la déchéance physique, la plaie infectée ou le cancer, ferait le dégoûté et éprouverait des haut-le-cœur, montrerait seulement qu'il s'est trom­pé de métier, qu'il n'était pas fait pour être médecin.

 

Le Christ, lui, ne s'est pas trompé de métier, il était fait pour être le Sauveur, c'est-à-dire le médecin des âmes gangrenées et lamentables.

« C'est l'ami des pécheurs », disaient de Jésus les pharisiens. Ils avaient raison. Mais il faut immédia­tement ajouter : « C'est l'ennemi irréductible du péché. »

 

Il a fait éclater sa sainteté, il a pro­clamé ses préférences profondes quand, pour entrer dans le monde, il a voulu une Mère immaculée, c'est-à-dire exempte de tout péché. En nous la pré­sentant, il nous dit solennellement :

 

« Celle qui doit être ma Mère sera pure jusqu'à en être éblouissante. Non seulement son âme ne sera jamais entamée par le péché grave, dût-il être réparé par le plus émou­vant des repentirs. Non seulement je ne veux voir en elle aucun péché véniel, aucune déviation même légère de l'amour de Dieu, aucune ombre d'égoïsme. Mais je ne veux même pas qu'ayant à prendre vie dans une race souillée par le mal héréditaire, elle soit touchée par ce mal, dont vous n'êtes pas per­sonnellement responsables, mais dont vous êtes pourtant atteints réellement et qui constitue pour vous une tare déshonorante. Je suis le Sauveur, je suis donc l'architecte patient, le reconstructeur obs­tiné qui, après le cataclysme du péché, relève les ruines et recommence. Mais quand il s'agit de celle qui doit être le temple vivant où je reposerai, je ne trouve pas assez belle la beauté émouvante de ces églises qui, après les profanations des barbares et les pillages, ont été restaurées avec amour ; je veux la beauté toute jeune de la basilique intacte qui jaillit d'un seul élan, sans une reprise, sans un repentir, depuis la pierre fondamentale jusqu'à la dentelle des clochers. Je veux une Mère immaculée. »

 

Et c'est dans ce contraste entre la bonté du Christ s'inclinant vers les pécheurs et ses préfé­rences intimes pour la beauté parfaite que se trouve pour nous la leçon. Oui, c'est bien la misère à guérir et le criminel à sauver qui attirent le Sauveur sur la terre. Mais il n'aime que la pureté; en elle seule il se complaît; et c'est vers elle qu'il veut que nous montions. Leçon anticipée à l'heure de l'Immaculée Conception ; leçon de toute la vie de Jésus ; leçon répétée à ses derniers instants. Il est Celui qui, au Calvaire, admettra près de la Croix rédemptrice Madeleine la pécheresse convertie et qui dira à son compagnon de supplice, un bandit revenu au mo­ment suprême, les paroles stupéfiantes de miséri­corde : « Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le Paradis. » Mais Il est Celui qui, de cette Croix, jettera un dernier regard de tendresse sur sa Mère Immaculée, cherchant en elle la grande consolation de son agonie.

 

Ainsi le Christ, d'un bout à l'autre de sa vie, apparaît comme la Miséricorde sans limite et la Sainteté intransigeante. Ah ! Nous pouvons toujours le rencontrer, au creux même de notre misère et même si nous piétinons encore dans des habitudes fangeuses ; mais à condition que nous ayons un désir sincère du mieux et une nostalgie de la pureté, à condition aussi que nous ayons une confiance totale en son pouvoir de nous relever. D'ailleurs, l'Imma­culée Conception est elle-même un motif puissant de cette confiance.

 

Car elle nous montre bien que, si notre nature humaine est capable de tant de mal, elle est capable aussi — nous le voyons en Marie — de sainteté radieuse, quand la grâce du Christ vient l'illuminer.

 

Et c'est avec la conscience profonde de notre misère, avec un désir ardent de la sainteté et une grande espérance que, pendant les semaines qui préparent Noël, nous devons dire au Sauveur: « Ve­nez ! » en confiant notre prière à celle qui, étant l'Immaculée, est à la fois si proche de Dieu et si pitoyable aux pécheurs. 

 

Extrait de : PLUS PRÈS DE DIEU

Volume 1 du Père Gaston Salet S.J.

 

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7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 18:42

 

La fête de l'Immaculée Conception glorifie le privilège en vertu duquel la Sainte Vierge est en­trée dans la vie, non point victime du péché originel, mais toute pure et l'âme resplendissante de la grâce de Dieu.

 

Si nous réfléchissons à ce mystère et à toute la destinée de Marie, ce qui nous frappe, c'est qu'elle a été extraordinairement prévenue de Dieu, extraordinairement enrichie avant tout mérite de sa part. Elle n'a pas mérité d'être immaculée, puis­qu'elle n'existait pas encore; elle n'a pas mérité d'être Mère de Dieu, car même la plus parfaite des créatures ne peut mériter de devenir Mère de Dieu ; or, toutes les autres faveurs qu'elle a reçues et jus­qu'à l'Assomption sont les conséquences de cette faveur unique.

 

La seule explication de toutes ces grâces, c'est que Dieu l'aime, c'est que Dieu, qui est l'Éternel, se voit déjà devenu son Fils, c'est, dit Bossuet, qu'elle bénéficie de cette situation pri­vilégiée « d'avoir un Fils qui existe avant elle ».

 

Et ainsi, dans le cas de la Sainte Vierge, Dieu appa­raît splendidement comme Celui qui devance tou­jours et qu'on ne peut devancer, Celui qui, selon la parole de saint Jean, « nous a aimés le premier ».

 

Seulement nous ne devons pas l'oublier, ce Dieu qui donne est celui qui demande ; ce Dieu, qui tou­jours parle le premier, parle toujours en posant une question et en attendant une réponse ; et la Sainte Vierge, sans mériter ses privilèges, est celle qui a répondu totalement aux prévenances de Dieu, celle qui, d'un bout à l'autre de sa vie, a dit à Dieu le seul mot qui l'intéresse et qu'il espère : « Oui. » « Oui, Seigneur, comme vous voulez. »

 

C'est la parole de Marie le jour de l'Annonciation, au mo­ment capital de son existence. Mais c'est le mot qu'elle a répété inlassablement. Elle a dit oui quand Siméon lui prédisait qu'un glaive percerait son cœur, et un glaive qui menace est déjà un glaive enfoncé ; elle a dit oui tout le long de son existence ; et, dans l'épouvante du Calvaire, elle n'a pas ré­tracté ce oui, à l'heure où la question posée par Dieu devenait une véritable torture ; par là elle montrait bien que ce oui n'était pas une parole en l'air, un de ces mots que nous prodiguons faciles et innom­brables, mais qu'il était l'expression véridique de son âme profonde.

 

Le cas de la Sainte Vierge est exceptionnel ; mais cela ne veut pas dire qu'il soit pour nous dénué d'enseignement. Nous n'avons pas les mêmes privi­lèges, c'est entendu ; reste que nous sommes des privilégiés.

 

Pour elle, sans doute, Dieu a eu des prévenances incomparables; mais n'oublions pas qu'il nous prévient, nous aussi. Un converti qui avait expérimenté ces avances de Dieu disait: « J'ap­pelle Dieu Celui qui vient sans qu'on l'appelle. » Et le Seigneur lui-même ne déclare-t-il pas dans le prophète Isaïe : « J'ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient pas » ?

 

D'ailleurs un dogme essentiel de notre foi affirme que c'est toujours Dieu qui com­mence et prévient ; et voilà une vérité sur laquelle nous devons réfléchir et qui doit commander notre attitude spirituelle.

 

Dieu est Celui qui se tient à la porte de notre vie, à la porte de notre âme. N'est-il pas vrai qu'avec nous, en particulier, il a commencé par une extraordinaire prévenance, puisque nous avons été baptisés avant l'éveil de notre intelligence, que nous avons reçu la richesse de la vie divine lit­téralement en dormant, que le salut a été mis entre nos mains inconscientes, alors que tant d'autres ont dû le chercher au prix de quels épuisements?

 

Et cette grâce précoce et hâtive du baptême, si incon­testablement gratuite, n'a été encore qu'un point de départ ; car c'est à chaque instant que Dieu nous aime, c'est-à-dire nous prévient pour nous aider et nous enrichir. Oui, en vérité, nous devons croire que Dieu n'est jamais loin ni en retard.

 

Lorsque nous imaginons que nous-mêmes prenons l'initia­tive de la prière, mais que Dieu ne répond pas ; ou que nous voulons bien résister à une tentation, mais que, malheureusement, lui oublie de nous se­courir, ces pensées sont des illusions risibles et des sottises.

En réalité nos clameurs poussées vers Dieu, ne sont jamais que des échos de sa voix qui nous appelle ; et nos désirs les plus spontanés ne sont que des réponses — généralement languissantes et tar­dives — aux grâces qui nous ont prévenus.

 

Quand nous avons l'impression que nous l'attendons, c'est lui que nous faisons attendre. Quand nous lui disons : « Venez, Seigneur », c'est qu'il nous a dit et répété : « Venez à moi. »

 

Quel réconfort et quelle consolation dans la pen­sée de ce Dieu attentif et prévenant ! Mais aussi quel rappel de nos responsabilités.

 

Car l'amour de Dieu pour nous est toujours interrogateur ; nous sommes convoqués à chaque instant par convocation person­nelle ; nous sommes responsables, c'est-à-dire que nous devons répondre de nous et lui répondre.

 

Hélas ! Seigneur, que je réponds mal ! Vous m'ap­pelez sans cesse ; Vous m'appelez à la prière, à cet effort contre mon égoïsme, à cet acte de dévoue­ment ; et je reste sourd, pareil à ces enfants amu­seurs là-bas dans le jardin, qui font semblant de ne pas entendre leur mère quand elle les appelle au travail.

 

Ou bien vous me demandez un sacrifice; et je me mets à discuter et à rédiger laborieusement des notes diplomatiques pour éluder vos requêtes, au lieu de vous dire tout simplement « oui ».

 

A la Vierge Immaculée, à celle qui fut si admi­rablement prévenue par la grâce et si admirablement généreuse à répondre, demandons de savoir recon­naître nos privilèges en répondant oui à Dieu qui nous appelle.

 

En préparation de la belle fête de l’Immaculée Conception.

 

Extrait de : PLUS PRÈS DE DIEU

Volume 1 du Père Gaston Salet S.J.

 

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2 décembre 2012 7 02 /12 /décembre /2012 19:54

C’est Notre-Seigneur Jésus-Christ qui a dit cette terrible parole : « Malheur au monde ! » Et l'apôtre saint Jean cette au­tre : « N'aimez pas le monde, ni rien de ce qui est dans le monde. Si quelqu'un aime le monde, l'amour de Dieu n'est pas en lui. »

 

Que faut-il entendre par le monde ?

Le monde, celui que Jésus-Christ maudit, celui que l'apô­tre saint Jean nous recommande de ne pas aimer, c'est la multitude de ceux « qui font leur dieu de tout, excepté de Dieu lui-même. »

 

Les mondains n'attachent d'importance qu'à la fortune, à la réputation, au plaisir. Il n'y a rien pour eux en dehors de la terre, au delà de la vie, ou du moins ils ne s'en inquiètent pas. Voici leur doctrine : On doit songer d'a­bord et uniquement à se faire une position, à paraître, à se distinguer, à attirer les regards, à s'amuser, à se divertir. S'oc­cuper de son âme, s'occuper de Dieu, s'occuper de religion, c'est une inutilité ; cela ne rapporte rien : tout au plus faut-il y penser avant de mourir.

 

Voilà ce qu'est le monde, ce qu'il pense et ce qu'il veut.

Hélas! Il n'y a pas seulement des hommes dans ce monde-là; on y rencontre aussi des femmes et des jeunes filles. Beaucoup Sans doute font acte de présence à l'Église le dimanche et au temps pascal, afin de ne pas se singulariser, de ne pas s'expo­ser à un certain discrédit auprès des catholiques pratiquants ; mais ce n'est qu'une démonstration hypocrite.

 

Ces personnes ne rêvent que luxe, toilette et parties de plaisir. Voyez-les ! Journellement elles passent sous vos yeux, à côté de vous. On les reconnaît à leur extérieur, à leur dé­marche. C'est la vanité, c'est l'orgueil, c'est quelque chose de pis encore que révèle leur tenue.

 

Pauvres mondaines !... Sont-elles heureuses ? Le croyez-vous? Peut-on être heureux avec une vie semblable ? Non, je vous l'affirme, cela n'est pas possible.

 

Cependant le monde rit, chante, se glorifie de son prétendu bonheur.

 

Que faut-il en penser ? Le monde s'étourdit, il se fait illu­sion à lui-même ; mais ce n'est que pour un moment, car il suffit d'attendre quelques années. Oh ! alors, que de plaintes amères ! Que de larmes brûlantes ! Que de cris déchirants !

 

On a été trompé dans ses espérances, on a été joué dans ses affections, on s'est épuisé dans les plaisirs. Maintenant, c'est la réalité lamentable. On est dans l'isolement, dans la douleur, dans l'angoisse ; et à qui s'adresser ? Qui viendra apporter seulement une parole d'adoucissement et de consolation ? Qui fera luire seulement un rayon d'espérance ? Vaine at­tente ! Personne ne se présente.

 

On appelle, on éclate en reproches, on maudit... Rien n'y fait : On expire dans la colère, dans le dépit, ou tout au moins dans les plus inutiles regrets.

 

C'est ainsi qu'on arrive devant Dieu. Et comment régler ses comptes avec lui, quand on l'a méconnu et outragé durant toute sa vie ? Qu'attendre à cette heure effroyable qui suit la mort ?

 

Plaignez le monde ! Ne l'aimez pas, ni rien de ce qu'il vous offre. Rien en lui n'est réellement aima­ble ; rien n'y dure. Sa figure passe, et passe avec rapidité.

 

Ce que nous voudrions vous inspirer pour le monde c’est de la pitié, pour ne pas dire du mépris, car c’est ce qu'il mérite ! Si vous le voyez de près, vous devez être épouvantée de ses scandales, de ses hontes, de ses désolations.

 

Même lorsque le monde ne rejette pas la religion, et semble plutôt, jusqu'à un certain degré, la respecter et la pratiquer; mais ses pensées sont tout entières pour la vie présente et ses vanités. Il n'y a chez lui rien de surnaturel, rien de sérieux. Oh ! Que sa religion est suspecte !

 

Ce monde-là ne vous enveloppe-t-il pas ? N’est-ce pas le monde de vos proches, le monde de la société, celui que voit votre famille et que vous devez fréquenter !

 

Comment devez-vous vous y tenir ? Quelles doivent y être vos pensées, vos paroles, votre conduite ? Si vous rentrez sérieusement en vous-même, vous entendrez la réponse.

 

Rien contre votre conscience bien éclairée !

 

Telle doit être votre perpétuelle devise. N'accordez à ce dangereux monde que ce que l'obéissance vous fait un devoir de lui accorder ; et si l'on voulait obtenir de vous certaines concessions qui mettraient votre vertu en péril, sachez résister, modestement sans doute, mais fermement et invinciblement.

 

Dieu avant tout ! Ne faites, ne dites quoi que ce soit que votre conscien­ce condamne.

 

 

Extrait de LECTURES MÉDITÉES (1933)

 

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30 novembre 2012 5 30 /11 /novembre /2012 21:00

 

Le foyer domestique est un sanctuaire. Dans tout sanc­tuaire, la principale occupation, c'est de prier, et par là de nous unir à Dieu. Quiconque ne prie pas a rompu avec Dieu.

 

Heureusement, il en est beaucoup encore qui prient. Le vrai catholique prie, l'hérétique prie, le schismatique  prie, le Juif prie, le musulman prie. Mais combien prient peu et mal !

 

Il y a à cela beaucoup de causes, et bien des remèdes peuvent être signalés ; un des plus efficaces, c'est la prière en commun, au moins le soir.

 

Aussi bien, à la maison comme à l'église il faut la prière publique. Mères de famille, si vous ne voulez pas que vos enfants ressemblent un jour à ces étourdis, avides d'indépendance, impatients de tout joug, pour qui rien n'est digne de respect, habituez-les à s'incliner avec vous devant la majesté de Celui de qui découle toute autorité ; ayez assez de ténacité dans votre résolution pour établir, à tout prix, chez vous, comme règle fixe, la prière en commun. Vous pourrez à coup sûr compter sur une attention spéciale de la Providence.

 

C'était surtout à la famille priant en com­mun que Notre-Seigneur promettait son assistance lorsqu'il disait : « Quand deux ou trois de mes disciples seront assem­blés en mon nom, je serai au milieu d'eux. » N'est-ce pas, en effet, de ces maisons où se fait la prière commune que sortent les générations les plus chrétiennes ?

 

Rien n'est plus édifiant, rien peut-être ne façonne autant les âmes à la vertu que la prière publique au foyer domesti­que. Voyez-vous cette famille véritablement chrétienne ? Après le repas du soir où a brillé, non pas l'abondance, mais, ce qui vaut mieux, une franche gaîté provenant de l'u­nion des cœurs, avant de se livrer aux douceurs du som­meil qui va réparer les forces et faire oublier les fatigues de la journée, tout le monde s'est mis à genoux ; tous font ré­sonner ensemble le doux murmure de la prière.

 

Contemplez cette scène, bien simple, mais bien digne de toucher le cœur de Dieu. Ici vous voyez un vieillard aux cheveux blancs, dont les mains et les lèvres tremblantes annoncent le patriarche, le chef de la famille ; là, c'est un homme à la fleur de l'âge, le père de tous ces petits enfants agenouillés autour de lui ; plus loin vous voyez une femme, tenant devant elle, sur une chaise, un enfant qui ne sait pas encore prier, mais qui mar­que déjà par son silence un respect instinctif pour la prière de ceux qui l'entourent.

 

Laissez grandir ce petit ange ; et ces prières, qui sont entrées dans son âme enfantine par les yeux et par les oreilles, ne lui paraîtront pas, dans la suite, une tâche difficile. Il a vu prier sa mère, son père, ses frères, ses sœurs ; on n'arrachera jamais de son âme ce souvenir fortifiant des traditions religieuses du foyer domestique.

 

On n'abdique pas facilement son titre de chrétien, on ne descend pas dans l'abîme de l'incrédulité, quand on a ainsi vécu dès e berceau dans une atmosphère de piété qui a nourri, élevé, fortifié l'âme pour les combats ultérieurs de la vie. Et puis, quelle puissance n'a pas la prière d'un enfant sur le cœur de Dieu !

 

La pratique de la prière récitée en commun, introduit dans la famille les habitudes de la vie chrétienne et garantit l'observation des préceptes divins.

 

Ce premier devoir accompli détermine presque toujours la fidélité à tous les autres. En voulez-vous savoir la raison ? C'est que non seulement la prière publique ajoute au mérite de la prière particulière l'autorité de la persuasion du bon exemple ; mais encore et surtout, c'est qu'elle constitue chacun dans une sorte d'heureuse né­cessité de fuir ce qui est mal et de marcher dans la voie du bien.

 

En effet, ce n'est pas solitairement, dans le secret, seuls avec Dieu seul, que le père, la mère, les enfants, les serviteurs professent leur foi, s'accusent de leurs fautes, promettent de garder les commandements de Dieu et de son Église ; c'est publiquement, solennellement, en présence de témoins qui en prennent acte, en quelque sorte, et s'en souviendraient dans l'occasion.

 

Cette personne qui, chaque soir, édifie sa famille par son attention religieuse à la prière commune, ira-t-elle le lendemain, devant les mêmes témoins, tenir des propos contraires à sa religion ? Lui serait-il possible de blasphémer le saint nom de Dieu ?

Par cette considération seule que la prière commune con­tribue puissamment à la connaissance, à l'amour, à la pratique de la religion, il est facile de comprendre tout ce qu'elle ap­porte à la famille d'éléments d'ordre, de bien-être et de sécu­rité. On peut dire qu'elle est à elle seule une grande partie de l'éducation domestique, et comme l'article fondamental de la constitution de la famille.

 

La confiance mutuelle des époux, leur dignité personnelle, la soumission tendre et res­pectueuse des enfants, la justice et la bonté des maîtres, le zèle et la fidélité des serviteurs, voilà les heureux fruits de son influence. Faut-il s'en étonner ? Là où est l'union de prières, là est Jésus-Christ ; et où est Jésus-Christ, là se trouvent la paix, la concorde, le support d'autrui, l'indulgence, l'esprit de sacrifice, la modération dans les joies, la consolation dans les peines, tout ce qui, en un mot, constitue le bonheur de la famille.

 

Si l'on savait quels sont les précieux avantages de la prière commune, il n'est aucune famille chrétienne qui ne voulût en établir chez elle le salutaire usage.

 

Puissent la mère, la jeune fille elle-même user de toute leur influence pour implanter chez elles une si sainte pratique !

 

Pour que la prière en famille porte tous ses fruits, il impor­te que chacun ait sa place à peu près fixe, et se tienne dans une attitude convenable, humblement agenouillé devant l'i­mage du Dieu Sauveur, devant ce Crucifix qui a reçu le der­nier soupir des ancêtres. Que le père de famille prononce lui-même à haute voix les saintes formules et que tous les assistants lui répondent pieusement et posément.

 

Extrait de LECTURES MÉDITÉES (1933)

 

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30 novembre 2012 5 30 /11 /novembre /2012 03:46

 

Venir en aide à tous les êtres souffrants est un des admi­rables traits du caractère de la femme forte ; il mérite à celles qui suivent ses traces le plus précieux des biens, l'amour de Dieu. Saint Augustin, parlant de la double  au­mône du cœur et de la main, assure qu'il n'y a point de lien plus fort pour nous unir à Dieu, point de coursier plus rapide pour nous porter de la terre au ciel. D'autre part, le précepte de l'aumône est un commandement si rigoureux qu'il suffi­rait de ne l'avoir pas accompli pour être rejeté de Dieu, et pour entendre ce formidable arrêt : « Retirez-vous de moi.... J'ai eu faim, et vous ne m'avez pas donné à manger ; j'ai eu soif, et vous ne m'avez pas donné à boire. »

 

Bourdaloue a tracé de bien sages règles sur la pratique de ce grand précepte. Il établit d'abord, « qu'en ne faisant pas l'au­mône ou en la faisant au dessous de notre condition, nous dé­truisons en quelque sorte la Providence de Dieu, parce que nous la rendons, autant qu'il est en nous, imparfaite et défec­tueuse, et que nous autorisons contre elle les plaintes et les murmures des pauvres. » Mais quelle sera la part des pauvres ? Saint Paul veut que dans le christianisme l'abondance des uns supplée à l'indigence des autres : admirable loi de la Provi­dence, qui établit ce lien entre les hommes, et, selon la pensée d'un pieux auteur, ne les associe dans ce monde à ses desseins que pour les associer dans l'autre à sa félicité. Bourdaloue enseigne ensuite comment on doit faire l'aumône et ce que c'est que l'abondance ou le superflu.

 

Première règle : « Que l'aumône soit faite d'un bien propre et non point du bien d'autrui, non d'un bien injustement ac­quis, car Dieu a l'injustice en horreur, et la déteste jusque dans le sacrifice. Ce sont deux choses essentiellement distinctes que la restitution et l'aumône. »

 

Seconde règle : « Que les actions de justice passent toujours avant les actions de pure charité ; par exemple, payer de pau­vres domestiques, de pauvres artisans, des marchands qui souvent tombent dans la pauvreté parce qu'on les laisse trop longtemps attendre ce qui leur est du, le salaire de l'ouvrier que le Seigneur défend de garder en sa maison. »

 

Troisième règle : « Que les aumônes ne soient pas jetées au hasard, mais données avec mesure et réflexion... »

Quatrième règle : «Qu'une partie des aumônes soient pu­bliques, quand il est constant et public que l'on possède de grands biens et que l'on est dans l'abondance : pourquoi ? Pour satisfaire à l'édification, pour donner l'exemple, pour ac­complir cette parole de Jésus-Christ : « Que votre lumière lui­se devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes œuvres et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. » Celles de vos aumônes, qui seront données dans le secret, satisferont à cet autre précepte qui veut que nombre de bonnes œuvres soient accomplies en esprit d'humilité ; mais n'en faites aucune dont l'amour, la gloire de Dieu et l'obéissan­ce que vous devez à son commandement ne soient l'objet, « II ne récompensera que celles qui seront faites en son nom. » Aucune œuvre extérieure ne sert sans la charité ; mais tout ce qui se fait par la charité, quelque petit et quelque qu'il soit, produit des fruits abondants, car Dieu regarde moins à l'action qu'au motif qui nous inspire : « Celui-là fait beaucoup qui aime beaucoup. »

 

Cinquième et dernière règle : « C'est de faire l'aumône dans le temps où elle peut nous être utile pour le salut, sans attendre à la mort et même après la mort... »

 

Enfin, continue Bourdaloue, qu'est-ce que le superflu ? C'est ce qui est, je ne dis pas précisément utile, mais même évidemment préjudiciable, ce qui sert à fomenter les dérè­glements, les excès. J'appelle superflu, ce que vous dépensez, disons mieux, ce que vous prodiguez en mille ajustements frivoles, qui entretiennent votre luxe et qui seront peut-être un jour le sujet de votre réprobation : re­tranchez une partie de ces vanités, celles que n'exige point la convenance de votre condition, et vous aurez du superflu... Mais, dira-t-on, ne peut-on pas se servir de ce superflu pour accroître sa fortune ? Est-ce un désir injuste et criminel que de vouloir agrandir son état ? Je veux, répond le grand doc­teur, qu'il vous soit permis d'agrandir votre fortune, pourvu que vous vous conteniez dans les bornes d'une modestie rai­sonnable et sage, et que ce désir n'aille pas jusqu'à l'infini, jus­qu'à ne jamais dire : « c'est assez, » car il n'y a rien de plus op­posé à l'esprit du christianisme que de vouloir toujours s'éle­ver, et « cela seul, dit saint Bernard, est très coupable devant Dieu. »

 

Oh ! Si nous avions la vraie charité de Jésus-Christ, com­bien nous aurions peu besoin de ces règles ! Combien on de­vrait nous contenir plutôt que nous pousser ! Qu'elle est gé­néreuse et ingénieuse tout à la fois la charité qui nous fait voir dans les pauvres, les membres souffrants de Jésus-Christ.

Une enfant de Marie avait pu, pendant un hiver, entretenir jusqu'à vingt familles pauvres. On lui demanda comment elle s'y prenait. « J'économise sur mes toilettes, dit-elle, je porte quelques vêtements rapiécés. »

 

Le plus grand bonheur, la plus douce jouissance de Victorine Le Segrétain, écrit son biographe, c'était d'être employée au service des malades indigents. Sa désolation était extrême lorsque l’argent venait à lui manquer. « J'aimerais mieux donner mes effets aux pauvres, disait-elle, que de les renvoyer sans les assister. » Son père, charmé du bon usage qu'elle faisait de son argent, et ne voulant pas qu'elle fût complètement pri­vée pour elle-même de toute douceur, augmentait le petit tré­sor : mais Victorine, à peine enrichie, « avisait au moyen de bien placer ses écus, » comme elle disait elle-même. En consé­quence, accompagnée d'une sœur, elle allait faire des achats pour habiller les pauvres, et revenait mille fois plus joyeuse que si elle se fût procurée les bijoux les plus précieux. Lorsqu'on faisait des quêtes publiques, les dames de charité ne manquaient jamais d'aller la trouver et Victorine remettait gaiement son offrande. Une fois, entre autres, il ne lui restait plus qu'une pièce de cent sous; il n'y avait ni choix ni réflexion à faire, et Victorine donna en riant ce qu'elle appelait sa fille unique.

 

Mais, dites-vous peut-être, je n'ai pas de ressources ! Voici ce qu'une chrétienne à l'âme ardente, Amélie Nitot, se trouvant dans la même situation, marquait dans ses notes spirituelles :

 

« Qu'il est pénible, ô Jésus, de voir souffrir et de ne pouvoir apporter qu'un maigre soulagement ! Je me creuse la tête pour trouver le moyen de venir en aide à la pauvre famille de La F***, et je ne trouve pas. Que faire, Seigneur, que faire pour les tirer d'une pareille détresse? Prier, me répondez-vous, mon Dieu. Ah ! Je prie tous les jours, mais je voudrais avoir le bonheur de faire plus encore pour ces braves gens. Ils sont malheureux ; à ce titre ils sont d'autres vous-même. O Jésus si vous étiez réellement à leur place, je ne trouverais pas suffi­sant de vous aider par une prière ; je voudrais encore vous soulager par tous les moyens possibles. Eh bien, il en est de même pour eux, ce sont vos membres souffrants, et comme je me dépouillerais pour vous, je voudrais tout donner pour eux. Je cherche et je ne vois rien d'inutile que je puisse supprimer dans ma vie de tous les jours. Travailler pour vous offrir le fruit de mon travail, vous savez, mon Dieu, que cela a toujours été mon rêve.... de plus en plus irréalisable pour bien des raisons. Vous savez aussi que le peu d'argent mis à ma disposition est uniquement employé à votre service et à celui des  pauvres. Alors je dis : Seigneur, que votre volonté soit faite! Je ne peux donner davantage, donc je prierai beaucoup et je tâcherai de faire donner par ma bonne mère le plus possible...»

 

Voilà les désirs et les industries de la pauvreté charitable !...

 

Extrait de LECTURES MÉDITÉES (1933)

 

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27 novembre 2012 2 27 /11 /novembre /2012 20:21

 

 « Je n'y ai pas pensé ! » Voila une expression fréquente. Que de choses auxquelles il y a un grave devoir d’y penser !

 

Au point de vue purement humain, que n'y aurait-il pas à dire ! Par ce défaut de penser, on négligera les devoirs de piété filiale ; on se privera d'une partie des joies fraternelles et on perdra la moitié de son bonheur ; quelqu’un peut soumettre le cœur le plus fidèle, par un manque de réflexion, à une épreuve dangereuse. Com­bien de personnes peuvent souffrir de ce manque de réflexion !

 

Dans les relations avec Dieu, il importe da­vantage encore de penser ! Penser, lorsqu'il s'agit des choses de l'âme, c'est acquérir une multitude de mérites, c'est pra­tiquer à chaque instant les petites vertus, c'est éviter de nombreuses fautes. Vous savez ce que disait David après son péché : « Pardonnez-moi, Seigneur, car j'avoue que j'ai agi comme un insensé ! » Et pourquoi cela ? Parce qu'il avait né­gligé de rentrer en lui-même et de réfléchir.

 

Le monde se divise en gens qui pensent et en gens qui ne pensent pas. Eh bien ! Il faut que vous pensiez ; il le faut ab­solument. Si vous prenez cette bonne habitude ne l'ayant pas eue jusqu'ici, vous ne comprendrez bientôt plus comment vous avez été si longtemps à l'acquérir, et si un jour, ce qui serait bien injuste, on vient à vous négliger, votre consolation sera de penser aux autres. Faire plaisir, provoquer le sourire d'un enfant, le remercîment d'un inconnu qu'on ne reverra jamais, par une prévenance, par une parole aimable, par un rien dont l'à-propos fait tout le mérite, n'est-ce pas un acte aussi facile que charitable ?

 

Et que personne ne dise : Plus tard, plus tard ! Eh bien ! Non, ne croyez pas que l'esprit se soumette tout d'un coup à la réflexion. Il faut le plus souvent l'y contraindre. A un cer­tain âge, la réflexion est douce, elle ne laisse pas de trace. Si vous réfléchissez alors, vous réfléchirez toujours.

Donc, ne vous laissez pas prévenir contre la réflexion. C'est une bonne amie, sage, prudente, et dont la gravité n'exclut pas les consolations et les espérances. Sans elle il n'y a ni sé­rieux dans la vie, ni piété possible. Sans elle, le salut lui-même n'est plus en sûreté.

 

Quel regret ce serait pour nous de devoir dire au dernier jour: « Tel devoir m'a échappé : je n'y ai pas pensé ; je me suis laissé entraîner à telle faute : je n'ai pas réfléchi ! » Mais ce regret serait alors stérile et sans fruit.

 

 Corrigeons-nous de notre légèreté tandis qu'il en est temps...

Pour bien réfléchir, il faut vivre dans un certain recueille­ment. Ni la vie intellectuelle ni la vie morale ne sauraient, sans ce recueillement, être ce qu'elles doivent être.

 

Ne soyons donc pas de ces âmes qui sont toujours « hors de chez elles ». Sachons, an contraire, nous faire en nous-mêmes un refuge, un foyer et comme un sanctuaire, où nous nous retrouvons et où les nô­tres sont toujours sûrs de nous retrouver, nous et nos senti­ments les plus chers, nous et nos pensées les plus intimes, nous et notre affection pour eux.

 

Catherine de Sienne rencontrait tous les obstacles imagi­nables à la sainte vie qu'elle désirait mener. Ses parents, la trouvant trop pieuse, voulurent l'occuper aux soins du ména­ge et ne lui laissèrent plus un moment pour aller prier Dieu. La sainte se soumit avec une docilité parfaite ; mais voyant que son cher oratoire lui était fermé, elle se fit un autre ora­toire dans son propre cœur, une cellule où elle s'entretenait affectueusement avec Jésus-Christ. Bien mieux, elle s'appli­qua à voir Jésus-Christ dans la personne de son père, la Sainte Vierge dans celle de sa mère ; et grâce à ces pensées de foi, elle les entoura de la plus profonde vénération, tout en faisant chaque jour elle-même de nouveaux progrès dans le recueil­lement.

 

Vous qui vivez au milieu du monde, faites en votre cœur, un foyer domestique sur lequel le monde n'aura jamais aucun droit.

 

FÊTE DU JOUR: Saint Grégoire le Thaumaturge, évêque.

 

Saint Grégoire naquit, au commencement du troisième siè­cle, de parents idolâtres, dans la province du Pont. Vers l'an 231, il étudia la philosophie, en Palestine, à l'école du Grand Origène, qui de la recherche de la sagesse humaine ame­na son disciple à Jésus-Christ, la sagesse de Dieu. Peu de temps après sa conversion, Grégoire fut consacré évêque de Néo Césarée, son propre pays. Son humilité le pénétra de crainte en face d'un tel fardeau, et il se retira dans la solitude pour s'ins­truire plus à fond des mystères de la foi. Il reçut alors, par un prodige surnaturel, des lumières d’en haut sur la religion, ainsi qu'un symbole qui renfermait la doctrine la plus com­plète de la Sainte Trinité. Saint Grégoire mit par écrit cette doctrine, en fit la base de son enseignement et la transmit à ses successeurs. Une rare confiance en Dieu lui donna un pou­voir irrésistible sur le démon, et lui découvrit les secrets de l'avenir. Les miracles obtenus à sa prière lui méritèrent le nom de Thaumaturge. Les prédications de saint Grégoire con­vertirent son diocèse, fortifièrent les fidèles dans la persécu­tion, arrêtèrent les développements d'une hérésie naissante. A l'arrivée de saint Grégoire à Néo Césarée, il n'y avait que dix-sept chrétiens ; à sa mort, il ne restait que dix-sept païens. Il construisit pour son peuple la première église dont l'histoire fasse mention.

 

Extrait de LECTURES MÉDITÉES (1933)

 

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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 21:59

 

 

Quand on y réfléchit un peu sérieusement, on ne peut s'empêcher de faire la remarque suivante : C'est une chose à la fois étonnante et terrifiante que la manière dont on disparaît de ce monde.

 

Voilà un homme bien connu dans la localité qu'il habite. Il a des relations étendues ; beaucoup de personnes dépendent de lui ou même pourraient difficilement se passer de lui. Il est d'une forte constitution, inaccessible à la fatigue, jamais ma­lade, sachant à peine ce que c'est que la souffrance physique. Plein d'activité, il s'occupe avec entrain de ses affaires, et même un peu de celles de la commune, et des intérêts de diffé­rentes sociétés.

 

Son entourage est si mêlé à tout ce qu'il fait qu'il concevrait à peine l'existence sans lui. Un soir, il rentre avec un mal de tête. Quelques moments après, une fièvre typhoïde se déclare.

 

En quarante-huit heu­res il est terrassé, broyé, anéanti par cet ennemi invisible et in­saisissable ; la mort a fait son œuvre.

 

C'est fini : il ne faut plus pour le malheureux ni nourriture ni vêtements, ni feu ni lumière, ni chevaux ni domestiques, ni fêtes ni divertissements, ni même un coin perdu de sa gran­de maison pour l'espace que doit occuper son corps. Rien, rien, rien...

 

Voici pourtant : Un valet réclame le plus vieux drap de la garde-robe pour ce pauvre corps privé de tout ; quatre planches de sapin formant une boîte seront désormais son habitation ; un grand trou creusé dans la terre recevra con­tenant et contenu, puis il sera là enfoui et jamais plus on ne le sortira de cette dernière demeure.

 

Huit jours après, personne ne parlera plus de lui. Des hé­ritiers avides se seront partagé ses dépouilles, mais tout oc­cupés à satisfaire leur cupidité ou leurs plaisirs, ils n'auront même pas, pour celui qui les a enrichis, un souvenir recon­naissant. Les cousins, les amis, les serviteurs, les clients, les obligés, les compatriotes.... tous les hommes qui vivaient dans son intimité, ne vont-ils pas du moins vivre encore avec lui par la pensée, l'affection, les regrets ?...

Allons donc ! Ils ont bien autre chose à faire ! Et puis, penser aux morts, c'est trop triste. Si ces morts se sont tués pour les vivants, tant pis pour eux, se dit-on.

 

Après tout, quand bien même il n'en serait pas ainsi et que les anciens protégés du défunt reconnaîtraient son mérite, il n'en serait pour lui ni plus ni moins.

 

Son âme, l'unique sur­vivante de la suprême catastrophe, n'en saurait rien et n'en éprouverait aucun contentement.

 

Eh bien, n'est-il pas vrai que c'est là, la manière dont nous finissons tous et qu'il y a de quoi être plongé dans la frayeur et la stupeur en y pensant.  Et pourtant il n'y a rien de plus sage que d'y penser, rien de plus stupide que de ne pas vouloir y penser.

 

C'est justement en pensant à la mort, à sa proximité, à sa soudaineté, à l'impitoyable rigueur avec laquelle elle nous prive et nous sépare de tout, que l'on découvre la bonne ma­nière d'user de la vie.

 

« II y a, dit excellemment un pieux auteur, une terrible moissonneuse qui ne se contente pas d'une récolte par an, mais qui fait chaque jour une nouvelle moisson. Cent mille personnes tombent sous sa faux entre la première heure du jour et la dernière. C'est la mort.

 

« Que de chrétiens s'occupent, du matin au soir, de futilités et de bagatelles, s'intéressent à mille détails de la vie des autres, et, tandis que leur propre vie est toujours menacée par la grande moissonneuse, ils n'y songent pas, ils demeurent dans la plus complète imprévoyance !

 

« C'est agir à la façon des enfants et faire preuve d'une effroyable légèreté. »

 

Au lieu de suivre les papillons qui volent, ne pourrions-nous, une fois du moins, suivre par l'imagination la course de la mort à travers le monde et faire ensuite les réflexions que ce spectacle doit inspirer à tout homme sage ?

 

Voyez cette famille : on n'entend de toutes parts que des gémissements et des sanglots. Une pauvre mère va rendre le dernier soupir : elle est inconsolable d'abandonner ses petits enfants, et ceux-ci la supplient de rester au milieu d'eux, pour les vêtir, les nourrir, les aimer. Désirs inutiles : la mort frap­pe, la séparation est consommée.

 

A quelques pas de là, c'est un jeune homme qui se sentait hier plein de vie. Il a commis une imprudence ; un refroi­dissement s'est produit ; une pleurésie s'est déclarée ; les es­pérances des médecins se trouvent déçues : le mal a fait soudain d'épouvantables ravages et la mort a fauché le pauvre jeune homme...

 

Plus loin, c'est un orphelin : qu'il est triste sur sa couche solitaire ! Personne ne vient essuyer la sueur qui baigne son front, ni adresser une parole encourageante à son cœur angois­sé. Aussi dépérit-il rapidement et, dans un morne désespoir, tombe-t-il, lui aussi, sous la faux de la mort.

 

Le même spectacle se reproduit sous tous les climats, dans tous les pays, dans toutes les villes, dans tous les villages. Il y a des variantes dans les circonstances, mais partout c'est le deuil et la douleur : la mort passe et fait chaque jour sa terrible moisson. Nul assureur contre ses coups ; nul docteur capable de l'écarter, ni même de retarder sa marche victorieuse.  L'arrêt est porté : il faut mourir.

 

Puisque la mort peut nous frapper à toute heure, le simple bon sens, d'accord avec la foi, nous fait un devoir d'être prête à toute heure.

 

N'avons-nous donc jamais vu un de ces chré­tiens insouciants surpris par une maladie sans remède et se désespérant de n'avoir que quelques moments pour mettre or­dre à leurs affaires et se préparer à paraître devant Dieu ?

 

Si nous avons un grain de sagesse, nous ne nous exposerons pas à être prise ainsi à l'improviste !

 

Un des plus grands généraux de Louis XIV allait mourir. Le roi, qui l'estimait et qui avait pour lui une sincère affec­tion, lui fit porter en reconnaissance de ses glorieux services le bâton de maréchal de France. Le héros saisit avec joie cet insigne dans ses mains tremblantes, et il le fixa en s'écriant : « C'est bien beau, mais il m'est inutile dans le pays où je vais !... »

 

Lorsque Colbert mourait disgracié, et loin de la cour, le même monarque envoya demander de ses nouvelles. Comme on invitait le grand ministre à écrire au roi pour l'en remer­cier : « Hélas s'écria-t-il, en soupirant, si j'avais fait pour Dieu la moitié de ce que j'ai fait pour cet homme, je me serais sauvé deux fois, et je tremble aujourd'hui, ne sachant ou j'en suis avec mon éternité. »

 

FÊTE DU JOUR: Saint Edmond de Cantorbéry, archevêque.

Il a été dit de saint Edmond que sa bouche ne respirait que paix, innocence et piété, et que son cœur n'était rempli que de Jésus-Christ.

 

Il fut redevable de ces grâces à sa pieuse mère Mabel Rich, qui sut inspirer à son jeune cœur un admi­rable amour de la pureté et une tendre dévotion à la très Sainte Vierge.

 

Tout entier à la contemplation des choses di­vines, Edmond ne tarda pas néanmoins à être appelé à la vie active en qualité de trésorier du diocèse de Salisbury. Il mon­tra tant de charité dans l'exercice de cette charge que le doyen du chapitre disait qu'Edmond était plutôt le trésor que le tré­sorier de son église.

 

En 1234, saint Edmond fut élevé sur le siège archiépiscopal de Cantorbéry, où, malgré sa douceur naturelle et son amour de la solitude, il sut défendre avec in­trépidité les droits de l'Église et de l'État contre l'avarice et la rapacité du roi Henri III.

 

Se jugeant impuissant, après une lutte énergique, à contraindre le roi à restituer les reve­nus des bénéfices qu'il laissait vacants au profit du trésor royal, le saint archevêque préféra s'exiler plutôt que de pa­raître consentir à une injustice si criante. Après deux années passées dans la retraite, saint Edmond reçut la suprême ré­compense à l'abbaye de Pontigny, en France. Les nombreux miracles qui s'opérèrent à son tombeau le firent canoniser.

 

Louis XIV lui-même, dans les derniers moments de sa vie, prononça sur ce grave sujet une parole bien mémorable : « Je vois maintenant, s'écria-t-il, que les rois n'ont, comme les autres hommes, qu'une seule chose à faire, leur salut ; mais on y pense trop tard ! »

 

Puisqu'on ne meurt qu'une fois et que la mort peut nous frapper au moment où nous y penserons le moins, vivons toujours de telle sorte qu'à n'importe quel moment de notre existence nous n'ayons pas à redouter le coup fatal, ni à regretter de n'avoir pas été suffisamment pré­parées !

 

Extrait de LECTURES MÉDITÉES (1933)

 

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