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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

14 mars 2013 4 14 /03 /mars /2013 01:15

Lettre du Révérend Père de S... à Madame de C…

 

Pourquoi, ma chère Henriette, vous ai-je parlé du culte de soi-même dans la piété, et de ces dé­votions bizarres qui prêtent si fort au sarcasme des incrédules ? Oui, pourquoi ? Je ne redoute pour vous aucun de ces défauts ; mais vous ne devez point vivre uniquement pour vous-même ; vous aurez des enfants à élever, des inférieurs à diriger.

 

Julien est grand agriculteur, peut-être dans quel­ques années viendra-t-il se fixer sur ces terres. Là, beaucoup d'ignorants réclameront de vous l'exemple et le conseil. Je vous indique à l'avance les abus à détruire ou à prévenir, comme un bon guide signale au départ les endroits difficiles ou périlleux de la route- Vous rencontrerez à l'état de réalité brutale ce qui vous paraît peut-être sous ma plume l'exagération d'une critique fantaisiste. Vous aurez encore des surprises, je vous en avertis ; l'ignorance et la sottise vous apparaîtront où vous ne les at­tendez pas. Je ne veux vous citer qu'un seul trait. J'étais en mission dans un gros bourg. La population est dominée là par une famille de bourgeois très autoritaire, mais passant pour très chrétiennes. Il me sembla d'abord que la charité de ces braves gens, quant à leur manière de juger le prochain, laissait fort à désirer. Je cherchais le secret de cette anomalie, lorsqu'il me fut révélé à l'improviste. La maîtresse de la maison, femme âgée et respectable, après m'avoir donné beaucoup de renseigne­ments que je ne souhaitais pas, commença le por­trait d'un saint homme, son voisin, dont je con­naissais déjà l'éminente vertu et le dévouement aux œuvres pieuses. Ce rude chrétien, refusant pour lui-même les concessions de l'Église indulgente, con­tinuait l'abstinence avec le jeûne tout Je long du carême. La vieille dame, sa voisine, me parlait de cette inflexible austérité avec une indignation con­tenue qui ne laissait pas de me paraître singu­lière.

 

Comme je gardais le silence, la bonne femme me jugeant de son avis sur la foi du proverbe : — « Qui ne dit mot consent ». — éclata tout à coup : — N'est-ce pas ridicule, cela, mon père ? s'écria-t-elle. N'est-ce pas tout à fait contre l'esprit de l'Église?

 

     Non, madame, lui dis je, sans grand es­poir de la convaincre.  

     L'abstinence est au contraire tout à fait dans l'esprit de l'Église.   

 

Voilà, chère enfant, comment juge et condamne la piété ignorante et bornée. A côté de la fausse dévotion des orgueilleux et des sots, plaçons sa digne sœur, — la dévotion acariâtre.

Oh ! Quelle est détestable, celle-là !

 

Écoutez, mon enfant : La piété, c'est proprement l'amour ; l'amour de Dieu et l'amour du prochain, c'est-à-dire la charité.

La charité seule fait des apôtres ; elle seule aussi peut faire des saints. Ne l'oubliez jamais, saint Paul nous l'a dit si expressément : « Parlerais-je le langage des anges, aurais-je une foi capable de transporter les montagnes, si je n'ai pas la cha­rité je n’ai rien, je ne  suis qu'un airain sonnant.»

 

En parlant ainsi, saint Paul expliquait la parole expresse du Sauveur :

« Aimer Dieu et le pro­chain, c'est accomplir toute la loi; c'est être saint

 

Dites-moi, mon enfant : Â quel signe reconnaîtrez-vous la charité? N'est-ce pas à l'amabilité, qui en est en quelque sorte l'épanouissement, la fleur ? Que votre piété soit donc aimable, si non elle ne sera pas la piété, car elle ne sera pas l'amour.

 

L'amabilité, ou bien la douceur, est la première vertu que nous devons apprendre à l'école de Jésus-Christ. L'Homme Dieu nous a-t-il dit: « Apprenez de moi à faire des miracles?» — Non : « Apprenez de moi que je suis doux. »

 

La douceur nous donne avec Dieu des traits de ressemblance qui font de nous ses véritables enfants.

Jésus a encore dit: « Bienheureux les doux, les pacifiques, parce qu'ils seront appelés enfants de Dieu. »

 

Un père de l'Église appelle la douceur, le tombeau de tous les vices, et aussi le berceau de toutes les vertus. Selon Bossuet, la douceur se compose de pa­tience, de compassion, de condescendance.

 

Vous serez patiente, Henriette. Nous avons tant de motifs d'être patients ! La patience est un signe de force morale ; par conséquent, elle dépend de la volonté plus qu'on ne veut le croire.

(a suivre)

 

Tiré de : A VINGT ANS  MARIAGE ET BONHEUR  (Mme  E. D’Aguillon)  1924 (163-173)

 

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5 mars 2013 2 05 /03 /mars /2013 09:21

 

 


le saint roi David, dans un de ces immortels psaumes qui, au XXe siècle comme à tous les siècles passés, de­meurent le chef-d'œuvre de la poésie et la plus sublime expression de la prière, compare la jeunesse à une rosée.

Si mobile que soit votre imagination, vous avez déjà sans doute fixé vos regards avec une longue et délicieuse con­templation sur le spectacle que présente la campagne dans une belle matinée d'été. Chaque fleurette, chaque brin d'her­be, est couvert de gouttes de rosée plus brillantes que le dia­mant. Voilà une image de la beauté morale chez les jeunes chrétiennes fidèles à leurs engagements, et, du reste, chez tous les baptisés dont le cœur est pur. Leur vie brille d'un saint éclat parmi les réalités vulgaires de ce monde, dont le clinquant est toujours terni par de viles passions.

La rosée est pure, elle ne contient aucun des éléments étran­gers qu'on trouve jusque dans l'eau des sources les plus lim­pides. Il y a de même un idéal vers lequel tout notre être doit tendre : quoique nous soyons remplies de défauts et d'im­perfections, nous devons nous efforcer d'atteindre la pureté. La jeune fille qui a le cœur pur verra Dieu et se reposera en lui.

Les gouttes de rosée sont de merveilleux miroirs ; regardez-les de près, vous y verrez le reflet de la voûte bleue du ciel. Chaque goutte réfléchit la splendeur des cieux: de même chaque jeune vie chrétienne doit refléter la vie de Jésus-Christ.

Et c'est ainsi que les jeunes personnes peuvent devenir de véritables apôtres du Sauveur au milieu du monde, au sein de la famille surtout. En est-il qui se doutent de cette autre belle mission qu'il leur est facile de remplir?

Toute vie vertueuse est une prédication muette, mais cette prédication a une éloquen­ce bien autrement puissante quand elle a pour organe une chrétienne d'une pureté angélique : il s'échappe de toute sa personne un parfum d'innocence qui attire vers elle ; son regard, son front exercent une sorte de séduction surna­turelle sur ceux qui la fréquentent.

La rosée a le don de rafraîchir, et la vie de la jeune vierge partage encore avec elle cette vertu. Partout où elle passe, elle apporte la joie, l'animation, elle sème des bénédictions dans l'existence la plus ordinaire par le seul spectacle de sa vie.

Elle répand partout une influence de paix, de douceur et de dévouement, et d'autres vies sont inspirées, encouragées, stimulées par l'influence inconsciente qui s'échappe de sa vie. Elle peut rendre l'espoir à plusieurs des infortunés qu'elle rencontre sur son chemin, tandis qu'elle s'avance avec tout l'enthousiasme de la jeunesse, répandant partout la consola­tion, évoquant les riantes perspectives et ouvrant aux yeux des passants un horizon enchanté.

La rosée arrive pendant la nuit, sans bruit,personne ne la remarque et elle accomplit son œuvre en silence. Puis, lors­que vient le brillant éclat du jour, elle s'évanouit et va se per­dre dans le cœur d'une rose ou à la racine d'une herbe. Rien ne montre qu'elle ait été à l'œuvre sinon la nouvelle sève de vie qui circule dans toute la nature.

La jeune chrétienne fidèle à l'esprit de l'Évangile fait le bien sans bruit, sans attirer l'attention ; son influence se répand comme celle de la goutte de rosée, comme la clarté de l'étoile. Elle réjouit, elle donne, elle rend service et tout cela sans penser ni à la reconnaissance ni à la récompense, mais seulement à la gran­deur de sa mission charitable.

 

Passons à un second symbole.

Des voyageurs, qui visitaient une mine de houille furent bien surpris d'apercevoir, à l'entrée d'un couloir étroit, une petite plante aux fleurs parfaitement blanches.

L'un d'eux se baissa et la considéra de plus près.

— Quel phénomène ! dit-il à ses compagnons. Pas le plus petit grain de poussière de charbon sur les pétales de cette fleur, tandis qu'il en vole un tourbillon tout autour presque continuellement !

Entendant cette réflexion, un mineur prit une poignée de la noire poussière et la jeta sur la plante. Mais aucun grain n'y adhéra. Il y avait sur chaque fleurette une sorte d'émail qui la préservait des nuages de poussière au milieu desquels elle s'épanouissait.

Les visiteurs furent saisis d'étonnement et admirèrent les maternelles attentions de la Providence.

Servantes de Jésus-Christ, cette plante est l'image de ce que vous devez être.

Parfois, souvent peut-être, vous devez quitter votre mai­son pour remplir les devoirs de votre état. Or, dit saint Gré­goire le Grand, il est impossible que la poussière du monde n'effleure pas quiconque se met en contact avec lui.

A vous de recouvrir votre âme de cet émail mystique qui la préserve de toutes les souillures de la poussière mondaine, comme la petite fleurette du fond de la mine, ou, si vous vou­lez, comme ces fleurs artificielles, toutes brillantes d'or, que l'on recouvre d'un globe pour les mettre à l'abri de la pous­sière.

Cet émail ou ce globe, c'est la pensée habituelle de la pré­sence de Dieu, l'union intime avec Dieu.

J'entends une parole malsonnante ; mon regard tombe sur quelque objet de nature à produire sur moi une dangereuse impression ; telle société éveille dans mon imagination des souvenirs inopportuns : toutes ces choses et une foule d'autres doivent immanquablement déposer sur mon âme une poussiè­re qui la ternit et menace de la corrompre. Vite, entre ces fascinations ou ces laideurs et ma pauvre âme j'interpose la grande pensée Dieu me voit, Dieu, la sainteté même, qui est si jaloux de ma pureté, Dieu à qui j'ai fait de si solennelles promesses, Dieu qui un jour me jugera sur toutes mes pensées et sur toutes mes œuvres... Ou bien, je me rappelle ma com­munion du matin, la communion que je dois faire demain, après-demain et je me dis : Je suis ou je vais être le tabernacle de Jésus ; tout mon bonheur, toute ma sécurité c'est de vivre avec lui cœur à cœur et de le posséder toujours en moi : pour­rais-je après cela tolérer ce qui lui fait le plus d'horreur ?....

Mais je n'ai même pas besoin de prolonger ces réflexions pour repousser vivement et sans le moindre retard ces imagi­nations malsaines, pour secouer cette poussière avec autant de rapidité qu'on en met à rejeter une étincelle tombée sur un vêtement....

Le seul mot : « Mon Dieu!» ou « Jésus, Marie ! » avec un élan du cœur vers le ciel, c'est déjà un tout-puissant préservatif.

Malheur, au contraire, à l'âme qui négligerait d'écarter les grains de poussière sous prétexte qu'il y aurait à cela puérilité et minutie !

 Minutie !... Mais oubliez-vous donc que la déli­catesse de l'âme est infiniment plus grande que celle de l'œil ? Et faut-il plus d'un grain de poussière pour faire endurer à notre œil une douleur cuisante, pour nous exposer même à perdre la vue ?

Qu'il soit familier à notre esprit l'emblème de la petite fleur blanche ! Qu'il nous préserve de toute souillure !

 

        Saint Taraise, patriarche.

la dignité de patriarche de Constantinople, à laquelle fut élevé saint Taraise, ne le rendit que plus humble. Plein de mépris et de dureté pour lui-même, il se traitait sévèrement et traitait les pauvres amicalement et magnifiquement.

 Il portait surtout les efforts de son zèle sur la réforme de son clergé et sur l'extirpation de l'hérésie. Il faisait lui-même le catéchisme et traitait avec mansuétude les membres de son clergé qui étaient tombés dans l'hérésie ; il n'entendait pas que l'on touchât en rien aux immunités des églises. Un ma­gistrat, injustement soupçonné d'infidélité, s'était réfugié dans une église de Constantinople, afin d'échapper aux ar­chers qui le cherchaient ; ceux-ci, malgré saint Taraise, s'étant emparés de cet homme, furent excommuniés, et le patriarche parvint à faire reconnaître l'innocence de celui qu'il avait protégé.

Constantin, fils d'Irène, ayant répudié sa première femme pour en épouser une autre, le Saint ne put souffrir ce scandale, et en réprimanda sévèrement l'empereur. Ce der­nier, irrité des remontrances de saint Taraise, le fit arrêter et garder si étroitement que personne ne pouvait pénétrer jusqu'à lui.

Le patriarche ne se départit pas de sa fermeté et souffrit avec patience la persécution. Quand la mort de Constantin lui eut rendu la liberté, il chassa de l'église le prê­tre coupable qui avait béni le mariage illégitime de l'empe­reur défunt.

Après avoir gouverné vingt-deux ans l'église de Constantinople, en donnant l'exemple de toutes les vertus, saint Taraise fut atteint d'une maladie douloureuse qui lui fit prévoir que sa fin était proche. Il se prépara à la mort en re­doublant de ferveur et en continuant chaque jour, malgré son extrême faiblesse, à célébrer les saints Mystères.

Sa mort fut un deuil général. L'empereur Nicéphore donna des signes publics d'une douleur profonde. Le corps du Saint fut porté dans l'église du monastère des Saints Martyrs, bâti par ses soins dans le Bosphore.

Dieu a fait voir, en plusieurs circons­tances, combien la protection de saint Taraise était redou­table aux hérétiques.

 

Extrait de : LECTURES   MÉDITÉES (1933)

 

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3 mars 2013 7 03 /03 /mars /2013 11:04

                     

 

le jour de la Pentecôte, à Jérusalem, il se produisit deux événements prodigieux, l'un plus secret, dans l'intimité du Cénacle, l'autre spectaculaire, en présence de toute une foule.

 

Le Saint Esprit descendit mystérieu­sement sur les Apôtres en prière avec Marie. Puis, les Apôtres, étant sortis, se mirent à parler à un rassem­blement composite de Juifs venus de divers pays, d'Asie mineure, de Perse, de Mésopotamie, d'Égypte, de Libye et même de Rome. Et bien que leurs idiomes, les dia­lectes dont ils se servaient dans la vie courante, fussent très différents, ils s'émerveillaient de comprendre tous.  « Comment, ceux qui nous parlent sont galiléens, et nous les comprenons comme s'ils parlaient à chacun de nom sa propre langue » !

 

Les miracles faits par Dieu ne sont jamais des prodiges destinés à nous éblouir, ils comportent un enseignement pour les âmes. Ainsi en est-il du miracle de la Pentecôte.

 

Les êtres humains parlent beaucoup, chez certain! C'est même un courant irrésistible. Mais faut-il dire qu'ils se parlent vraiment les uns aux autres ?

 

Ou bien doit-on constater qu'ils parlent les uns devant les autres, dans un dialogue de sourds ? Et, remarquons-le, il ne s'agit pas surtout de la difficulté matérielle due à la diversité des idiomes en usage. A défaut d'une langue commune à toute l'humanité, le problème peut être ré­solu par la virtuosité des interprètes et par la technique : dans les assemblées internationales, des casques d'écoute permettent à un Anglais ou à un Russe d'entendre la traduction simultanée d'un discours japonais ou indien!    

 

Le problème est à un autre niveau et la difficulté est bien plus profonde.  Ce qui le montre bien, c'est que jamais il n'y a eu autant qu'aujourd'hui de conférences internationales,   de   rencontres   d'hommes   d'État,   de voyages et de diplomates, jamais il n'y a eu autant de facilités et d'occasions de rapprochements entre les peu­ples. Or n'y a-t-il pas autant de divergences et d'incompréhensions irréductibles qu'à  l'époque  de  la fameuse tour de Babel ?

 

C'est que ceux qui articulent les mêmes mots, usent du même vocabulaire, emploient la même syntaxe, ne parlent pas toujours la même langue, comme on dit. Trop de différences séparent les hommes et empêchent le vrai dialogue : différences de races et de pays, diffé­rences de religions et de cultures, d'idéologies, distance qui paraît infranchissable entre les hommes qui vivent dans le même siècle, semblent contemporains, mais qui, en réalité, ne le sont pas, les uns vivant au xx° siècle, |es autres au moyen-âge.

 

Allons plus loin. Au fond, chacun de nous a les idées et en conséquence parle la langue de sa nation,  mais aussi de sa classe sociale, de son groupe professionnel, de sa famille. Par là même s'établit comme une ligne de démarcation, un rideau séparateur entre son groupe et les autres hommes. Et même à l'intérieur de ce groupe, parle-t-on la même langue ?

 

Peut-on dire que le dialogue soit fréquent et facile ? Dans un milieu de travail, dans une famille, y a-t-il compréhension mutuelle ?

 

Ne faut-il pas constater que ces prétendus dialogues ne sont que des monologues parallèles, et donc distants, les mo­nologues des égoïsmes ?  Et nous voilà au fond du problème.

 

Car l'obstacle majeur à la compréhension, au vrai dialogue entre les hommes, c'est l'égoïsme humain qui s'exprime par le péché humain.

 

En effet, le péché, qui est rupture avec Dieu, est en même temps et d'une manière inexorable, diviseur entre les hommes.

 

Ce n'est pas par hasard que dans la Bible le récit de la faute originelle est suivi immédiatement par le récit du meurtre d'Abel. Quand on s'est éloigné de Dieu, comment l'égoïsme qui a mo­tivé le péché ne se traduirait-il pas en inimitié et en haine pour les hommes ?

 

Pour parler vraiment la même langue, il faut compren­dre les autres, pour les comprendre, il faut les aimer, pour les aimer vraiment, il faut même aller au-delà de la sympathie humaine, qui paraît toute naturelle et qui est cependant si difficile, et qui serait encore insuffisante. Puisque c'est l'égoïsme qui est diviseur, si l'on veut l'union véritable entre les hommes, il ne faut rien moins que la charité venue du cœur même de Dieu.

 

C'est par son sacrifice de la Croix que le Sauveur démolit les barrières et crée l'union entre les hommes. Car c'est en mourant qu'il détruit en principe le péché humain, le péché diviseur. Et c'est parce qu'il est mort et ressuscité et glorifié au ciel qu'il peut communiquer aux hommes la charité divine, leur envoyer à la Pente­côte son Esprit, le Saint Esprit, l'Esprit d'amour.

 

Seul le Saint Esprit, donné par le Sauveur, a pu sup­primer la muraille qui semblait infranchissable et indes­tructible entre les Juifs et les païens, et réaliser ce miracle impossible de constituer avec ces hommes qui se détestaient une seule Église, cette assemblée de chré­tiens qui suivant le mot des Actes des Apôtres, « n'étaient qu'un cœur et qu'une âme».

 

Miracle singulièrement encourageant et riche de pro­messes. L'Esprit d'amour peut transformer une coexis­tence qu'on appelle pacifique et qui est en réalité une paix armée ou une défiance boudeuse en une véritable unanimité, c'est-à-dire une véritable union des cœurs.

 

En cette fête de la Pentecôte, nous ferons monter vers le Saint Esprit une grande prière pour la paix au­thentique, c'est-à-dire pour l'union entre les hommes.

 

Oui, que le Saint Esprit nous fasse à tous les dons des langues en nous faisant ce don supérieur à tous les miracles, la charité...

 

Extrait de : Volume 5

                Plus Près de Dieu

                Gaston Salet S.J.  (1966)

 

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1 mars 2013 5 01 /03 /mars /2013 06:24

 

Tout l'ouvrage de notre sanctification consiste à voir Dieu en tout, envisageant chacun des événements de la vie comme l'expression de la volonté de Dieu.

Voyons Dieu derrière tout ce qui nous arrive, et recevons tout de sa main, les peines comme les joies, les devoirs diffi­ciles à remplir comme ceux dont nous nous acquittons avec plaisir. Faisons cela de moment en moment, accomplissons chaque chose avec toute la perfection possible, et nous arri­verons en peu de temps à la plus haute sainteté.

Chaque instant de la vie apporte un devoir à remplir, c'est-à-dire une chose à faire ou à supporter. Cet instant est comme un ambassadeur qui déclare l'ordre de Dieu. Il faut donc se borner au moment présent, sans penser à celui qui l'a pré­cédé, ni à celui qui doit le suivre. Ce qui était bon au moment passé ne l'est plus, parce qu'il est destitué de la volonté di­vine. Et ce qui peut être bon l'instant d'après ne l'est pas en­core, parce que la volonté de Dieu n'est pas encore allée jus­que-là.

L'obéissance au moment présent est donc une action par laquelle l'âme fidèle se consacre tout entière à la volonté de Dieu. C'est une ligne directe où elle marche constamment, sans se détourner ni à droite ni à gauche, et sans regarder en arrière, ni trop en avant. Il lui suffit d'accomplir de son mieux le devoir que Dieu lui donne au moment présent, et elle le fait avec joie sous l'œil de la Providence.

Une âme sainte n'est qu'une âme librement soumise à la volonté divine, et qui s'applique à l'accomplir en toutes cho­ses. Elle aime en tout Dieu et son bon plaisir, tel qu'il se pré­sente, et elle ne désire rien de plus.

Allons donc à Dieu à travers les contrariétés, les souffran­ces, les impressions diverses. Élevons-nous au-dessus de ces nuages, les yeux fixés sur Notre-Seigneur Jésus-Christ qui est le soleil, et sur nos devoirs qui sont ses rayons.

Il ne dépend pas de nous d'être insensibles ; mais songeons que cette vie n'est pas une vie de sentiments, et arrivons à cette région supérieure de l'âme où Dieu habite dans la paix.

Vous cherchez le secret d'être à Dieu ; il n'y en a point sinon de profiter de tout ce qui se présente pour aller à lui. Tout mène à cette union quand on le veut bien, et tout la per­fectionne.

« Dieu est vraiment dans ce lieu, s'écriait Jacob, et je ne le savais pas. »

Il est à côté de toi, ô mon âme, autour de toi, au dedans de toi, il te pénètre de sa présence, et tu le cherches au loin.

Tu cherches Dieu ? Il est dans tout ce qui t'arrive, dans tout ce qui se présente. Il vient sans cesse à toi sous le voile des actions les plus ordinaires et des croix qui s'y trouvent.

La main de Dieu s'y cache pour te soutenir et te porter. Lui-même daigne te tracer le chemin à mesure que tu t'avan­ces. Les divers événements de la vie sont comme des voiles derrière lesquels il faut toujours voir Dieu caché.

« Donnez-moi, ô mon Dieu, l'esprit de foi, car je sens qu'a­vec cela je serai heureuse, » disait une bonne âme qui avait expérimenté ce bonheur.

Avec l'esprit de foi, en effet, on voit Dieu en tout, et que peut-on désirer quand on a Dieu ? Dieu se cachât-il par moments — et cela arrive aux âmes les plus saintes — on sait qu'il est là, et on ne se trouble pas.

Y a-t-il rien que la foi n'accepte et ne surmonte ? Elle passe au delà de tout, elle perce les ombres pour arriver jusqu'à Dieu. L'âme simple, élevée par la foi, est contente de tout. Elle trouve que rien ne lui manque et que rien n'est de trop. Elle bénit en tout cette main divine qui fait couler si suavement les eaux de la grâce dans le plus intime de son être. Elle reçoit tout avec la même douceur, comme lui venant de la main de Dieu.

La foi nous apprend que Dieu veut toujours ce qui contri­bue le plus à notre perfection, et qu'il nous y mène comme par la main, pourvu que nous le laissions faire.

Avec un peu de foi naïve et simple, nous verrions Dieu se révéler sans cesse à nous, et nous nous rendrions compte de son action dans tout ce qui nous arrive.

La vie de foi n'est qu'une poursuite continuelle de Dieu, à travers tout ce qui le cache.

L'âme fidèle ne s'arrête jamais dans sa course : toutes les routes l'avancent également vers Dieu ; tout est moyen pour la conduire à lui. Soit qu'il l'afflige, soit qu'il la console, elle l'adore, l'aime et le reconnaît toujours pour son Seigneur et son Dieu. Si nous avions la foi, nous saurions bon gré à toutes les créatures, nous les remercierions intérieurement de ce que, en nous faisant souffrir, elles se rendent si favorables à notre perfection.

Quand il vous plaît, Seigneur, de faire briller à nos yeux un rayon de votre lumière, nous voyons alors clairement que tout ici-bas n'est que vanité et mensonge.

Qu'il y a, en effet, de différence entre les idées de Dieu et les nôtres ! Tout ce qui se passe dans ce monde n'est qu'une ombre, et nous nous arrêtons aux apparences au lieu de lever les yeux en haut où est la réalité des choses.

Nous agissons d'après ce que nous voyons, d'après ce que nous sentons, et nous faisons fausse route, quand il serait si facile de marcher à la lumière de la foi qui nous montre Dieu en tout.

 

Les sens ne voient que les dehors, la foi voit à l'inté­rieur l'action divine qui s'exerce en toutes choses. Oh ! Vivons donc, maintenant et toute notre vie, de l'esprit de foi !

 

Saint Eucher, évêque.

Saint Eucher naquit à Orléans de parents nobles, riches et pieux, qui, avertis par une révélation de la future sainteté de leur enfant, le consacrèrent à Dieu dès sa naissance.

On le fit étudier dès l'âge de sept ans et ses progrès dans la vertu et dans la science furent merveilleux. Devenu religieux au monastère de Jumiège, il fut tiré de cette retraite par Charles Martel qui le fit sacrer évêque d'Orléans à la prière du clergé et du peuple.

Le saint religieux dut céder à tant d'instances, et fit briller dans cette nouvelle dignité les vertus du cloître en même temps que le zèle pastoral. Il eut à résister aux empiétements de son protecteur sur les droits de l'Église, et sa constance lui mérita les honneurs de l'exil pour le service de Jésus-Christ.

Charles bannit l'énergique pontife à Cologne, où le duc Robert le reçut avec tous les égards dus à son mérite et à ses vertus. Il le nomma grand aumônier du palais, mais Eucher, insensible aux honneurs, ne sollicita du prince que la faveur de se retirer dans l'abbaye de Saint-Trond, près de Liège, pour y servir Dieu librement dans la solitude et la priè­re. Il vécut six ans dans cet exil, et mourut le 20 février 731.

 

Tiré de : LECTURES MÉDITÉES  (1933)

 

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28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 07:35

                             

 

 Pourquoi y a-t-il si peu de personnes qui se préparent à l'affaire capitale de quiconque passe sur cette terre, mourir ? Oui, MOURIR…

Parce qu'on ne veut pas penser à la mort : on la craint, on la hait, on l'abhorre, et on est assez enfantpour se faire cette illusion qu'en ne pensant pas à elle, on l'éloigné et on l'évite ! C'est absolument comme si, se trouvant en face à un lion, on fermait les yeux pour ne pas devenir sa proie !

Vous qui êtes si sage dans les affaires de ce monde, ne descendez donc pas au dernier degré de la sottise et de l'étourderie quand il s'agit du salut de votre âme ! La pensée de la mort, le voilà ce salut ! Le souvenir de la mort, voilà ce qui doit vous guérir, vous empêcher de la redouter en vous préparant une bonne mort.

Aussi bien, est-il vraiment possible de se débarrasser de la pensée de la mort ? Allons donc !... Son image nous poursuit de toutes parts : Le sommeil, image de la mort ! La couche où nous dormons, image de la tombe ! Les draps qui nous enveloppent, image du linceul dans lequel nous serons un jour en­sevelis ! Partout l'idée de la mort dans la sainte Écriture : Voyez-vous cette eau ? « Nous nous écoulerons petit à petit comme elle. » Le vent se fait sentir ? Songez que « La vie est un souffle. » Contemplez-vous le feu ? « Ses résidus sont de lui cendre. Vous retournerez un jour dans la poussière d'où vous êtes sorti.» Vous admirez une fleur : « l'homme éclôt comme la fleur et comme elle il se fane.» Vous vous extasiez devant le soleil : «il se précipite vers l'horizon où il s'éteindra au bout de la journée : » il en est de même de votre vie : elle se lève pour s'éteindre au terme de la carrière qui lui est assignée. La fin de chaque année, de chaque mois, de chaque semaine ou de chaque jour, vient vous rappeler votre fin. Tout ce dont vous vous nourrissez a vécu : nous ne vivons que par la mort des autres créatures, animaux, plantes, êtres de toute espèce dont notre corps est le tombeau.

Le souvenir de la mort est un remède efficace et universel contre tous les vices et toutes les maladies de l'âme : remède souverain et infaillible que Dieu lui-même nous recommande et nous garantit. « En toutes vos actions, dit-il, pensez à vos fins dernières et vous ne pécherez pas. »

Le remède est amer, dites-vous : c'est possible, mais si amer qu'il puisse paraître, un remède doit toujours être regardé comme agréable quand il procure la guérison d'un mal rebelle à tous les autres.

Dieu a disposé les choses de telle sorte que le souvenir de la mort soit le fondement de notre bonheur éternel ; que la mort qui est la négation de la vie, devienne le principe d'une sans fin. La mort de la princesse Isabelle fit naître saint Fran­çois de Borgia à une vie meilleure. Ah ! Que ne sommes-nous de même les heureux « enfants de la mort », excités par elle à la pénitence et à la vie de la grâce !

Un confesseur prescrivit à une jeune personne très mon­daine de faire tous les jours cette réflexion en se lavant les mains : « Cette chair sera un jour la pâture des vers ! » et cette seule idée la guérit complètement de sa vanité.

Quand la mort tient le gouvernail, la vie marche bien : si vous vous disiez chaque jour que le lendemain peut-être vous ne serez plus, votre conduite serait sûrement irrépro­chable ce jour-là.

Oseriez-vous braver le courroux de Dieu si vous croyiez de­voir paraître quelques instants après devant le souverain Ju­ge ? Celui qui est suspendu au-dessus d'un précipice songe-t-il a commettre un crime ?

Celui-là ne craindra pas la mort qui en aura souvent connu l'avant-goût pendant sa vie ; celui qui l'aura souvent regar­dée en face, dans son imagination, ne se plaindra pas de l'amertume de sa dernière heure : la mort pour lui sera une douce consolation et un paisible sommeil.

Un jeune homme, qui souhaitait vivement mourir d'une bonne mort, s'appliquait à graver profondément dans son es­prit l'idée de ses derniers moments : il avait, pour mieux y réussir, attaché aux murs de sa chambre à coucher une image de la mort, entourée de diverses sentences du genre de celles-ci : « Mourez sans cesse pendant votre vie afin de vivre toujours après votre mort. »

 «Pour bien mourir il faut vaincre la mort par elle-même. » etc.

Un ancien évêque de Cambrai avait fixé lui-même dans ses Armoiries l'image de la mort, en représentant la vie suspendue à un fil. Gravez, quant à vous, cette vérité dans votre cœur et pensez-y souvent.

S'il était possible d'éviter la mort en y songeant fréquem­ment, n'en seriez-vous pas constamment préoccupée? Eh bien ! Vous pouvez éviter une mauvaise mort en y appliquant sans cesse votre attention. Et c'est la seule chose importante, Presque tout le mal qui arrive prend naissance dans ce fatal oubli de la mort : « Ils se sont couverts d'iniquités, dit le Psalmiste, pour n'avoir pas songé à la mort. »  Que d'hommes semblables aux insensés de l'Évangiles se promettent de longs jours et s'imaginent que la mort ne les surprendra pas de si tôt: ils vivent sans souci de leur salut, et ils meurent ainsi misérable­ment, sans y être préparés.

A l'exemple de sainte Thérèse, dites chaque lois que vous entendez sonner l'heure: «Me voici d'une heure plus rapprochée de la mort, du tombeau, de l'éternité ! Suis-je prête ? »

En vous couchant figurez-vous qu'on vous dépose dans le cercueil et dites avec saint Stanislas : « S'il vous plaît que je ne me relève point de ce lit, Seigneur, que votre volonté soit faite. »

Placez dans votre chambre, comme saint Chrysostone, soit un tableau de la mort, soit une tête de mort : que cette vu soit pour vous un aiguillon qui vous excite au bien et un frein qui vous retienne en face du mal.

FÊTE DU 18 DECEMBRE: Saint Paul le Simple, solitaire. 

Un des plus célèbres disciples de saint Antoine fut saint Paul, surnommé le simple à cause de son humilité, de sa droiture et de son peu de souci des sciences humaines. Il avait vécu dans le monde occupé aux travaux des champs, jusqu'à un âge assez avancé, lorsqu'il se retira dans le désert pour y finir sa vie.

Ayant rencontré saint Antoine, il le pria de l'ad­mettre au nombre de ses solitaires. Le saint abbé parut d'a­bord refuser de le recevoir; mais Paul, demeurant à la porte de saint Antoine, y pria avec tant de ferveur pendant trois jours et trois nuits que celui-ci l'accepta enfin pour disciple. Toutefois, pour l'éprouver, saint Antoine apporta un pain devant lui et s'assit à ses côtés, mais ils se levèrent sans y avoir touché.

 Le lendemain saint Antoine ordonna à Paul de tresser des feuilles de palmier tout le jour, et ne lui permit de rompre son jeûne qu'à la nuit tombante. Rien ne put ralentir le zèle de Paul à obéir, et saint Antoine, réjoui de tant de fer­veur, construisit à quelque distance de la sienne une cellule où Paul passa le reste de sa vie. On présenta un jour au pieux solitaire un possédé, en le priant de le délivrer du démon.

 Grâce à sa foi ardente, il obtint ce miracle et l'esprit mauvais se précipita dans la mer. Paul mourut au milieu du IVe siècle.

 

 

Extrait de : LECTURES MÉDITÉES (1933)

 

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25 février 2013 1 25 /02 /février /2013 13:26

 

 

 

 

« De quoi croyez-vous, disait Mme de Maintenon, qu'un roi soit plus généreux, envers un courtisan occupé à lui faire sa cour, qui est de tous ses plaisirs sans avoir jamais aucune peine, ou d'un fidèle sujet qui passe sa vie à combattre pour lui, exposé à de continuels dangers, toujours dans les fatigues, qui n'est soutenu que par son courage et par son attachement au service de son prince, n'ayant même que très rarement le plaisir de l'approcher ?

 

Il n'est pas diffi­cile de voir que c'est le dernier qui aura ses faveurs. Faites-vous-en l'application, et voyez si vous avez sujet d'être affligée que la multitude des soins inséparables de votre charge rende votre présence de Dieu moins douce qu'autrefois. Pour moi qui suis fort vive, je me trouve accablée de distractions aussi différentes que sont les affaires dont j'ai la tête remplie... Je ne me présente guère devant Dieu qu'au travers d'une multitude de pensées qui remplissent mon imagination ; mais je me console un peu en lui disant: Il est vrai, Seigneur, que je mêle dans mes actions une vivacité naturelle qui n'est pas exempte de plusieurs défauts dont je suis confuse ; mais aussi vous savez que je ne les entreprends que pour vous plaire. »

Les devoirs d'état doivent donc passer avant tout, être préférés à tout.

C'est assurément une excellente chose que de prier ; mais prier quand il faut agir, être à l'église quand on doit être à la maison, ce n'est pas plaire à Dieu et faire sa volonté, mais c'est faire la sienne propre. Être pieuse, ce n'est pas faire ce que les autres ne font pas et omettre ce qu'ils font, c'est très souvent se bornera le faire autrement qu'eux, le faire pour Dieu, tandis qu'ils le font pour eux-mêmes.

Toute notre perfection ne consiste qu'en deux choses : à faire ce que Dieu veut que nous fassions, et à le faire comme il veut que nous le fassions. Ce que Dieu veut avant tout, c'est que nous remplissions avec exactitude tous les devoirs de notre état. Nos obligations directes envers lui sont peu nombreuses, et peuvent se rapporter au précepte qu'il nous a donné de l'aimer plus que tout le reste et d'agir en tout pour sa gloire. Mais les obligations envers nos frères et celles qui résultent de notre position nous réclament à chaque instant de notre vie.

C'est pour cela que plusieurs trouvent beaucoup plus commode de s'affranchir des dernières, sous le vain pré­texte de vivre uniquement pour Dieu. Mais c'est mal inter­préter sa volonté, ou plutôt, c'est lui préférer sa volonté pro­pre, que de négliger les choses qu'il nous demande et de faire celles qu'il ne nous demande pas. A quoi vous sert de donner à Dieu une chose, lorsqu'il vous en demande une autre ? Examinez quelle est sa volonté, afin de l'accomplir. Vous en recevrez bien plus d'avantages.

Dieu aime infiniment plus, en vous le moindre acte d'obéis­sance et de soumission à sa volonté, que tous les services que vous vous proposez de lui rendre par goût et par inclination. Ne regardez jamais la qualité des choses que vous faites, mais l'honneur qu'elles ont d'être agréables à Dieu.

Chaque état de vie a ses ennuis, ses amertumes, ses dégoûts ; de sorte que, si l'on excepte ceux qui sont pleinement résignés à la volonté de Dieu, chacun voudrait changer sa condition contre celle des autres.

 D'où vient cette inquiétude générale des esprits, sinon d'une certaine aversion que nous avons pour la contrainte, et d'une malignité d'esprit qui nous fait penser que chacun est dans une position préférable à la nôtre?

Quiconque n'est pas parfaitement résolu à faire ce que Dieu veut, se tournera en vain tantôt d'un côté, tantôt d'un autre: il n'aura jamais de repos. Ceux qui ont la fièvre ne trouvent point de place bonne, ils ne sont pas un quart d'heure dans un lit qu'ils voudraient être dans un autre : ce n'est pas le lit qui en est cause, mais la fièvre qui les tourmente partout. Une personne, qui n'a pas la fièvre de la volonté propre, se contente de tout pourvu qu'elle serve Dieu dans l'état où elle est placée. Sans doute les devoirs de l'état n'ont rien qui séduise l'amour-propre et flatte la vanité ; il serait souvent plus agréable, pour un cœur qui n'est pas entièrement dépossédé de lui-même, d'exercer son activité dans une sphère plus haute et plus large. Mais ce qu'il y a de certain, c'est que les devoirs qui flattent l'amour-propre prêtent à d'étranges illusions, tandis que ceux qui contrarient la nature n'ont rien qui puisse éveiller notre défiance.

Le bien que nous avons à faire n'est point situé loin de nous, mais il est en quelque sorte sous no­tre main, et nous pouvons l'accomplir à chaque instant de notre vie.

 

Sainte Marguerite de Cortone, pénitente.

sainte Marguerite de Cortone naquit à Alviano, dans le dio­cèse de Chiusi, en Toscane, vers le milieu du treizième siècle. A seize ans, Marguerite quitta les sentiers de la vertu, et vécut pendant huit ou dix ans dans la honte et le désordre.

Elle était encore dans les liens du péché, lorsqu'un jour, sans y être préparée, elle se trouva en présence d'un cadavre que les vers dévoraient. Cette vue la fit rentrer en elle-même, et lui inspira la résolution de faire pénitence de sa vie coupable.

Marguerite revint donc, nouvelle enfant prodigue, à la mai­son de son père, et passa ses jours et ses nuits à réparer les crimes de son passé ; la corde au cou, elle demanda publique­ment pardon, dans l'église paroissiale, des scandales qu'elle avait donnés.

Puis, elle se mit sous la direction d'un religieux de Saint-François, qui, après avoir longuement éprouvé la sincérité de sa conversion, l'admit dans le Tiers Ordre de la Pénitence.

Elle qui avait vécu jusque-là dans le luxe et la vanité, elle mena désormais une vie d'héroïque pénitence dans une misérable cellule.

 

Extrait de : LECTURE MEDITÉES. (1933)

 

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24 février 2013 7 24 /02 /février /2013 06:15

 

Commençons cette réflexion par une comparaison.

 

Le froid, dont l'intensité fait chaque année bien des victimes, est surtout fatal aux voyageurs.

 

Engourdis par la rigueur de la température, les infortunés ne résistent que difficilement à la tentation de s'arrêter sur le bord du chemin. La monotonie des routes en des pays de vas­tes plaines contribue encore à les faire paraître plus longues. Ce sont des voies toutes droites, à perte de vue, bordées d'ar­bres également distancés, et dont aucun accident de terrain ne vient rompre l'uniformité.

 

« Ah ! Se dit le voyageur, j'ai déjà tant marché ! Et le terme est encore si éloigné de moi ! Le vent m'oppresse, mes jambes alourdies refusent tout service. Reprenons un instant haleine, reposons-nous !... »

 

Et il ne sait pas que c'est là une illusion fatale... Il cède ; et tandis qu'il savoure une sensation indéfinissable de bien-être, le sang épaissi se fige dans ses veines. Sa volonté faiblit; le sommeil arrive ; un attrait irrésistible l'enchaîne au pied de cet arbre auquel il vient de demander un appui. Et bien­tôt, c'en est fait ; il est gelé, les passants ne frôlent plus qu'un cadavre.

 

Qui ne croirait que le mal le plus à craindre pour des voya­geurs, c'est la fatigue, et que le remède le plus salutaire est le repos ? Pas du tout : «C'est la marche qui les sauve et c'est l'arrêt qui les perd.»

 

Tant qu'ils poursuivent leur route avec courage, luttant contre les obstacles extérieurs et plus encore contre leur fatale envie de s'asseoir, ils ne courent aucun péril. Dès qu'ils com­mencent à écouter la voix de la nature, effrayés des difficultés de l'entreprise, et à se laisser envahir par la lâcheté, l'ennui, le dégoût, leur perte est certaine.

 

Le danger pour eux, le su­prême danger, c'est le découragement.

 

C'est aussi le principal danger pour bien des personnes dans l'or­dre spirituel.

 

Comment le découragement naît-il en nous ? Le découragement peut avoir plusieurs causes ; toutefois, il  provient  presque toujours,   en   dernière  analyse,  d'une frayeur imaginaire, que le démon réussit à nous inspirer.

 

Tantôt on se dégoûte de ses exercices de piété, parce qu'on les trouve trop uniformes, trop monotones, et que les conso­lations intérieures font défaut.

 

L'esprit malin exagère cette difficulté que l'on éprouve à prier ; il persuade qu'on est in­capable de le bien faire. Qu'arrive-t-il ? On raccourcit ses priè­res, on néglige la visite au Saint-Sacrement ; les goûts mon­dains remplacent l'amour du bon Dieu; survient une occasion fâcheuse à laquelle on succombe : et voilà le découragement.

 

Tantôt on est assaillie par des tentations importunes. On a beau les chasser : elles reviennent à tout moment, et pro­voquent des inquiétudes de conscience, ou plutôt des scru­pules. On s'imagine faussement qu'on ne saurait résister aux attaques du démon, que la vertu est hérissée de diffi­cultés insurmontables, etc. Et voilà le découragement !

 

D'autres fois, c'est le respect humain qui fait peur, on se laisse détourner de ses pratiques pieuses par ceux qui ignorent le pourquoi le Bon Dieu nous a créée : « Il ne faut pas se singulariser ! Le bon Dieu ne demande pas tout cela !  Il suffit de faire comme tout le monde ! »

 

On écoute ces perfides conseils, et le démon en profite pour paralyser la volonté et faire trouver des difficultés nouvelles à l'accomplissement des exercices spiri­tuels qu'on a conservés. On s'attriste, on se chagrine, on se décourage.

 

Enfin, c'est trop souvent une chute soudaine et humiliante, qui inspire un dépit mêlé de désespoir. Rien ne serait compro­mis pourtant, si l'on avait la sagesse de se relever immédiate­ment et de se jeter dans le sein de. La divine miséricorde. Mais non : la honte fait verser plus de larmes que le repentir. Et toujours, on cède à la lâcheté naturelle, on croit à tort que tout est perdu ; on se décourage !

 

Que faire dans la tentation du découragement ?

 

 Lutter, lutter encore, lutter toujours. On n'est jamais vaincu dans ce combat que quand on dit : « Je suis vaincu. »

 

Mais les tentations sont si séduisantes, les occasions. sont si fortes ! L'esprit du mal me pénètre de toutes parts  et il me semble que je l'accueille malgré moi ... !    

 

En avant, quand même… ! Lorsque tout en vous dit oui,répondez encore non. Et continuez avec confiance. Ne vous troublez de rien : Dieu est avec vous.

 

   Mais je commets tant de fautes ! Il m'arrive si souvent de céder !

 

   Eh bien, faites comme l'enfant qui se relève après cha­que chute et court à sa mère. Relevez-vous courageusement, promptement.

 

Et puis, souvenez-vous que le voyageur doit recourir fré­quemment à ses provisions de route pour réparer ses forces. Vous devez avoir recours à votre Ange Gardien et à la Sainte Vierge Marie, toujours vierge.  Il faut méditer la Passion de N.S.J.C.  Avez-vous idée de tout ce qu’Il a enduré pour nous ?  Commencez par découvrir cela… ça va vous aider a avancer.

 

Jésus lui-même vous présente le remède ; car c'est main­tenant, et tous les jours, qu'il vous faut avoir recours a Lui, n’a-t-il pas dit :

 

«Venez à moi, vous tous qui souffrez et qui êtes ac­cablés, et je vous rendrai des forces !»

 

Sainte Catherine de Ricci, vierge.

Alexandrine de Ricci était fille d'un noble de Florence.

 

A treize ans elle entra dans le tiers ordre de Saint Domi­nique, au monastère de Prato, et prit en religion le nom de Catherine, en l'honneur de sainte Catherine de Sienne, sa pa­tronne. Son principal attrait était la passion de Notre-Seigneur à laquelle il lui fut donné de participer miraculeuse­ment. Catherine passa pendant douze ans tous les vendredis en extase, elle reçut les sacrés stigmates aux pieds et aux mains, la plaie au côté et la couronne d'épines. Ces faveurs firent de sa vie un continuel martyre et lui inspirèrent une tendre compassion pour les saintes âmes du purgatoire. Elle offrait pour leur soulagement toutes ses prières et toutes ses pénitences ; sa charité pour elles était si bien connue dans toute la Toscane que, de toutes parts, après un deuil de fa­mille, les parents du défunt accouraient à Florence pour le recommander aux prières de Catherine. Elle mourut en 1589.

 

Extrait de : LECTURES   MÉDITÉES.  (1933)

 

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