le saint roi David, dans un de ces immortels psaumes qui, au XXe siècle comme à tous les siècles passés, demeurent le chef-d'œuvre de la poésie et la plus sublime expression de la prière, compare la jeunesse à une rosée.
Si mobile que soit votre imagination, vous avez déjà sans doute fixé vos regards avec une longue et délicieuse contemplation sur le spectacle que présente la campagne dans une belle matinée d'été. Chaque fleurette, chaque brin d'herbe, est couvert de gouttes de rosée plus brillantes que le diamant. Voilà une image de la beauté morale chez les jeunes chrétiennes fidèles à leurs engagements, et, du reste, chez tous les baptisés dont le cœur est pur. Leur vie brille d'un saint éclat parmi les réalités vulgaires de ce monde, dont le clinquant est toujours terni par de viles passions.
La rosée est pure, elle ne contient aucun des éléments étrangers qu'on trouve jusque dans l'eau des sources les plus limpides. Il y a de même un idéal vers lequel tout notre être doit tendre : quoique nous soyons remplies de défauts et d'imperfections, nous devons nous efforcer d'atteindre la pureté. La jeune fille qui a le cœur pur verra Dieu et se reposera en lui.
Les gouttes de rosée sont de merveilleux miroirs ; regardez-les de près, vous y verrez le reflet de la voûte bleue du ciel. Chaque goutte réfléchit la splendeur des cieux: de même chaque jeune vie chrétienne doit refléter la vie de Jésus-Christ.
Et c'est ainsi que les jeunes personnes peuvent devenir de véritables apôtres du Sauveur au milieu du monde, au sein de la famille surtout. En est-il qui se doutent de cette autre belle mission qu'il leur est facile de remplir?
Toute vie vertueuse est une prédication muette, mais cette prédication a une éloquence bien autrement puissante quand elle a pour organe une chrétienne d'une pureté angélique : il s'échappe de toute sa personne un parfum d'innocence qui attire vers elle ; son regard, son front exercent une sorte de séduction surnaturelle sur ceux qui la fréquentent.
La rosée a le don de rafraîchir, et la vie de la jeune vierge partage encore avec elle cette vertu. Partout où elle passe, elle apporte la joie, l'animation, elle sème des bénédictions dans l'existence la plus ordinaire par le seul spectacle de sa vie.
Elle répand partout une influence de paix, de douceur et de dévouement, et d'autres vies sont inspirées, encouragées, stimulées par l'influence inconsciente qui s'échappe de sa vie. Elle peut rendre l'espoir à plusieurs des infortunés qu'elle rencontre sur son chemin, tandis qu'elle s'avance avec tout l'enthousiasme de la jeunesse, répandant partout la consolation, évoquant les riantes perspectives et ouvrant aux yeux des passants un horizon enchanté.
La rosée arrive pendant la nuit, sans bruit,personne ne la remarque et elle accomplit son œuvre en silence. Puis, lorsque vient le brillant éclat du jour, elle s'évanouit et va se perdre dans le cœur d'une rose ou à la racine d'une herbe. Rien ne montre qu'elle ait été à l'œuvre sinon la nouvelle sève de vie qui circule dans toute la nature.
La jeune chrétienne fidèle à l'esprit de l'Évangile fait le bien sans bruit, sans attirer l'attention ; son influence se répand comme celle de la goutte de rosée, comme la clarté de l'étoile. Elle réjouit, elle donne, elle rend service et tout cela sans penser ni à la reconnaissance ni à la récompense, mais seulement à la grandeur de sa mission charitable.
Passons à un second symbole.
Des voyageurs, qui visitaient une mine de houille furent bien surpris d'apercevoir, à l'entrée d'un couloir étroit, une petite plante aux fleurs parfaitement blanches.
L'un d'eux se baissa et la considéra de plus près.
— Quel phénomène ! dit-il à ses compagnons. Pas le plus petit grain de poussière de charbon sur les pétales de cette fleur, tandis qu'il en vole un tourbillon tout autour presque continuellement !
Entendant cette réflexion, un mineur prit une poignée de la noire poussière et la jeta sur la plante. Mais aucun grain n'y adhéra. Il y avait sur chaque fleurette une sorte d'émail qui la préservait des nuages de poussière au milieu desquels elle s'épanouissait.
Les visiteurs furent saisis d'étonnement et admirèrent les maternelles attentions de la Providence.
Servantes de Jésus-Christ, cette plante est l'image de ce que vous devez être.
Parfois, souvent peut-être, vous devez quitter votre maison pour remplir les devoirs de votre état. Or, dit saint Grégoire le Grand, il est impossible que la poussière du monde n'effleure pas quiconque se met en contact avec lui.
A vous de recouvrir votre âme de cet émail mystique qui la préserve de toutes les souillures de la poussière mondaine, comme la petite fleurette du fond de la mine, ou, si vous voulez, comme ces fleurs artificielles, toutes brillantes d'or, que l'on recouvre d'un globe pour les mettre à l'abri de la poussière.
Cet émail ou ce globe, c'est la pensée habituelle de la présence de Dieu, l'union intime avec Dieu.
J'entends une parole malsonnante ; mon regard tombe sur quelque objet de nature à produire sur moi une dangereuse impression ; telle société éveille dans mon imagination des souvenirs inopportuns : toutes ces choses et une foule d'autres doivent immanquablement déposer sur mon âme une poussière qui la ternit et menace de la corrompre. Vite, entre ces fascinations ou ces laideurs et ma pauvre âme j'interpose la grande pensée Dieu me voit, Dieu, la sainteté même, qui est si jaloux de ma pureté, Dieu à qui j'ai fait de si solennelles promesses, Dieu qui un jour me jugera sur toutes mes pensées et sur toutes mes œuvres... Ou bien, je me rappelle ma communion du matin, la communion que je dois faire demain, après-demain et je me dis : Je suis ou je vais être le tabernacle de Jésus ; tout mon bonheur, toute ma sécurité c'est de vivre avec lui cœur à cœur et de le posséder toujours en moi : pourrais-je après cela tolérer ce qui lui fait le plus d'horreur ?....
Mais je n'ai même pas besoin de prolonger ces réflexions pour repousser vivement et sans le moindre retard ces imaginations malsaines, pour secouer cette poussière avec autant de rapidité qu'on en met à rejeter une étincelle tombée sur un vêtement....
Le seul mot : « Mon Dieu!» ou « Jésus, Marie ! » avec un élan du cœur vers le ciel, c'est déjà un tout-puissant préservatif.
Malheur, au contraire, à l'âme qui négligerait d'écarter les grains de poussière sous prétexte qu'il y aurait à cela puérilité et minutie !
Minutie !... Mais oubliez-vous donc que la délicatesse de l'âme est infiniment plus grande que celle de l'œil ? Et faut-il plus d'un grain de poussière pour faire endurer à notre œil une douleur cuisante, pour nous exposer même à perdre la vue ?
Qu'il soit familier à notre esprit l'emblème de la petite fleur blanche ! Qu'il nous préserve de toute souillure !
Saint Taraise, patriarche.
la dignité de patriarche de Constantinople, à laquelle fut élevé saint Taraise, ne le rendit que plus humble. Plein de mépris et de dureté pour lui-même, il se traitait sévèrement et traitait les pauvres amicalement et magnifiquement.
Il portait surtout les efforts de son zèle sur la réforme de son clergé et sur l'extirpation de l'hérésie. Il faisait lui-même le catéchisme et traitait avec mansuétude les membres de son clergé qui étaient tombés dans l'hérésie ; il n'entendait pas que l'on touchât en rien aux immunités des églises. Un magistrat, injustement soupçonné d'infidélité, s'était réfugié dans une église de Constantinople, afin d'échapper aux archers qui le cherchaient ; ceux-ci, malgré saint Taraise, s'étant emparés de cet homme, furent excommuniés, et le patriarche parvint à faire reconnaître l'innocence de celui qu'il avait protégé.
Constantin, fils d'Irène, ayant répudié sa première femme pour en épouser une autre, le Saint ne put souffrir ce scandale, et en réprimanda sévèrement l'empereur. Ce dernier, irrité des remontrances de saint Taraise, le fit arrêter et garder si étroitement que personne ne pouvait pénétrer jusqu'à lui.
Le patriarche ne se départit pas de sa fermeté et souffrit avec patience la persécution. Quand la mort de Constantin lui eut rendu la liberté, il chassa de l'église le prêtre coupable qui avait béni le mariage illégitime de l'empereur défunt.
Après avoir gouverné vingt-deux ans l'église de Constantinople, en donnant l'exemple de toutes les vertus, saint Taraise fut atteint d'une maladie douloureuse qui lui fit prévoir que sa fin était proche. Il se prépara à la mort en redoublant de ferveur et en continuant chaque jour, malgré son extrême faiblesse, à célébrer les saints Mystères.
Sa mort fut un deuil général. L'empereur Nicéphore donna des signes publics d'une douleur profonde. Le corps du Saint fut porté dans l'église du monastère des Saints Martyrs, bâti par ses soins dans le Bosphore.
Dieu a fait voir, en plusieurs circonstances, combien la protection de saint Taraise était redoutable aux hérétiques.
Extrait de : LECTURES MÉDITÉES (1933)
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