La personnalité d'Adrien Arcand, ses idées politiques son action pancanadienne, sa ferveur pour la sauvegarde des valeurs chrétiennes dans le monde occidental, son prosélytisme ardent pour l'homme blanc et ses farouches combats contre le judéo communisme en firent un être d'exception et probablement le plus dur adversaire des Juifs au Canada.
S'il éprouva une attirance certaine pour le fascisme européen en utilisant maints symboles importés - croix gammée, insignes, chemises bleues, garde de fer - pour identifier et promouvoir son mouvement qui se donna des allures paramilitaires dans sa période fiévreuse, le chef du Parti National Social Chrétien, catholique et traditionaliste, était aux antipodes de l'idéologie judéo communiste.
Toutefois, ses déclarations à 1'emporte-pièce, sa dialectique vigoureuse, documentée et sa constante apologie du Blanc, pour lui le grand «progressiste de l'humanité», servirent ses adversaires qui dénigrèrent sans relâche un grand chrétien doublé d'un grand patriote.
Dans tous ses écrits philosophiques le nom de Dieu, tel un leitmotiv revenait constamment sur ses lèvres. Ses derniers disciples, toujours vivants, les Lemieux, les Lanctôt, les Laberge, les Bleau et quelques autres témoignent que toute la pensée politique de leur chef était nourrie par ses études dans des établissements catholiques (les collèges de Montréal et Sainte -Marie) et par ses lectures portant sur des sujets religieux.
Adrien Arcand se défendit d'être un fasciste à la mode hitlérienne.
Sa connaissance de la théologie était si poussée, raconte Gérard Lemieux qu'il pouvait en montrer à bien des théologiens. S'il l'avait voulu, il aurait pu être à l'aise dans la peau d'un chanoine tant il avait poussé loin sa science de la doctrine de l'Église catholique.
Plus de cinquante ans après la guerre de 1939-45, il serait difficile et téméraire à un homme d'aujourd'hui d'essayer de comprendre le mysticisme des générations antérieures et leur attachement profond aux valeurs de l'époque; Dieu, patrie, famille, vérité, autorité, discipline, travail, honneur, sacrifice, dignité, altruisme, tradition: mots vides de sens aujourd'hui.
Bruno Lagrange, philosophe, théologien, auteur de plusieurs ouvrages et présentateur de télévision, a dit de la société actuelle:
«Ce qui s'écroule, ce ne sont pas les structures qui meurent, c'est nous dans cette société qui mourons à un monde de fausse relation».
Ces paroles n'auraient pas détonné dans la bouche d'Adrien Arcand, tant les fragments de sa correspondance que nous avons étudié et lu avec intérêt, fait une large place à sa dimension spirituelle; pour lui, sans le Christ, le sacré, la Grandeur, il n'y a pas de vie souhaitable. La Croix, c'est le symbole de vie, mais dans une société dépravée, elle est le contraire de ce qu'elle représente.
Explorant les avenues du fascisme, l'écrivain François Mora affirme que, dans son cas, « le fascisme est exaltation et folie car il conserve ses racines humaines dans le bien et le mal, alors que le communisme - la «bête noire» d'Arcand - est une forme de barbarie absolue».
Pierre Trépanier a fait une courte mais intéressante étude de la pensée d'Adrien Arcand.
«Le lecteur des brochures d'Arcand, écrit-il, s'étonnera par son insistance à promouvoir la religion et les valeurs spirituelles qui n'ont rien à voir avec la politique».
Dans le dépouillement de «Mon Livre d'Heures» publié en 1936, Pierre Trépanier en vient à la conclusion suivante:
« Au total, prière et apologétique représentent 56 % du contenu de la brochure, contre 44 % pour la politique. Un livre d'heures étant un recueil de dévotion renfermant les heures canoniales, Arcand a eu somme toute raison d'appeler ainsi son opuscule, dans une acception libre, où passe vraiment, malgré les confusions et les erreurs, le souffle même de la foi. Si cette foi s'est alliée au racisme, à l'antisémitisme, ce n'était ni inévitable ni automatique. Elle tient très bien seule sans le racisme. Quant à son racisme, il se suffit à lui-même dans la mesure où il découle d'une lecture politique de l'histoire. Mais si, dans ce racisme, l'on considère l'antisémitisme, il devient évident qu'il repose sur une vision religieuse du Monde et du Temps et qu'il maintient vivant l'héritage de l’antijudaïsme, presque aussi vieux que le christianisme lui-même. La pensée d'Arcand se nourrit de la tradition catholique et d'une culture biblique, fruit d'une longue pratique des Livres Saints. Sa mémoire historique plonge assez loin dans le passé pour embrasser l'expérience juive depuis sa plus haute antiquité».
Après sa libération du camp d'internement, Arcand et ses disciples réclamèrent à grands cris un procès public. Leur requête fut refusée.
« L'État n'a jamais osé l'envoyer à son procès, écrit Trépanier, parce qu'il en serait sorti blanchi. Arcand n'a pas de sang sur les mains».
Mystique? Prêcheur moderne? Pourfendeur d'athées? Adversaire irréductible du judéo communisme? Ennemi du libéralisme? Agitateur social à l'exemple de Jésus? Doctrinaire au verbe incisif réclamant l'adoption du corporatisme? Adrien Arcand fut tout cela à la fois. Visionnaire à sa façon, il devinait intuitivement que le Québec allait entrer dans une profonde mutation et ne pourrait rester à l'écart des changements qui balayeraient les «belles assurances», que le Québec était immuable dans sa forme, son esprit et ses croyances religieuses. Adrien Arcand était-il un fanatique? En tout cas, pas dans le sens que les Québécois, par ailleurs longtemps xénophobes, perçoivent le fascisme.
«Les Canadiens français d'hier, dira Gérard Lemieux, éprouvaient plus de crainte que de mépris pour les étrangers».
Si l'on en juge par l'ensemble de ses écrits, Adrien Arcand - à la tête d'une formation politique de 100 000 membres - était davantage un missionnaire égaré dans la politique, un soldat du Christ, car il pensait que Dieu était le législateur suprême et que personne ne pouvait se substituer à sa volonté divine. Il avait le sentiment et la certitude qu'il véhiculait à travers ses discours, d'authentiques et d'indestructibles valeurs.
Nietzsche soutient «que les valeurs les plus élevées se dévalorisent mais que les valeurs restent plus fondamentales que les certitudes».
Adrien Arcand n'allait pas dans le sens de la vie avec ses changements, ses surprises, ses impondérables, ses incongruités, mais il optait aveuglément pour les choses acquises spirituellement, refusant viscéralement les illusions du progrès qu'il vouait à la géhenne, la prosternation devant le veau d'or (le matérialisme), l'aliénation de l'âme à un monde fourbe, insensé et déséquilibré. Comme une obsession, il prônait l'unité dans la continuité. En tout temps, avec belle transparence - même dans ses heures de virulence - il refusait le compromis.
Le mensonge me donne le vertige, disait-il. J'aime la Vérité comme un autre moi-même. Mais lorsqu'on dit la Vérité, on devient contagieux.
Né au début du siècle, à une époque où l'archevêque de Montréal, Edouard-Charles Fabre défendait à ses prêtres «d'aller au théâtre ou à l'opéra», Adrien Arcand était le produit d'une génération profondément pénétrée de certitudes. Il y avait bien ici et là quelques dissidents, mais ils rentraient vite dans le rang.
Très peu d'oracles au début du siècle prévoyaient les bouleversements énormes qui allaient secouer la civilisation occidentale chrétienne dans ses structures physiques et mentales.
Le chanoine Georges Panneton, un homme d'une grande rigueur intellectuelle, avec lequel le chef du PNSC entretenait une correspondance suivie.
D'Arcand, il dira: J'ai correspondu avec lui durant quatre ans. Je le considère comme un génie en son genre, un apôtre courageux qui a tout sacrifié pour le service de l'Église et pour établir le règne du Christ. Je lui garde toute mon admiration.
Tiré de : Adrien Arcand Une grande figure de notre temps (Jean Coté) Édition PAN-AM
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