Pour conclure d'une manière générale, il en en résulte donc, de cette situation APOCALYPTIQUE manifestée par D.H.P., que l'Histoire est finie-n-i-finie, y compris (et même surtout !) l'Histoire de l'Église, je veux dire dans son économie inhérente au Temps des Nations.
Voilà ce que nous apprend la Crise de l’Église vue dans la lumière très pure de la Foi. À condition, évidemment, d'en accepter le surnaturel éclairage…
L'Église du Temps des Nations est finie, virtuellement depuis le 7 décembre 1965, et elle va finir effectivement dans et par le règne de l'Antéchrist qui ne saurait plus tarder à présent. Rien ne peut plus empêcher l'aboutissement de cette dynamique mystique, face négative de l'accomplissement plénier de la Rédemption par la co-Rédemption personnelle et effective de l'Église, mais hélas aboutissement nécessaire de toute nécessité divine.
C'est pourquoi prévoir une conversion de l'église «vaticandeuse», dans l'Histoire et en corps d'institution, par exemple dans le cadre d'un Vatican III, est non seulement hors sujet mais surtout scandaleux au plus haut degré sur le plan mystique (cela prouve vraiment qu'on n'a spirituellement rien compris à rien ! C'est à ceux-là que Nôtre Seigneur dit comme au présomptueux saint Pierre : "Retire-toi de moi, Satan, tes pensées sont celles du monde, non celles de Dieu" !).
Et c'est ce point capital (Fin de l'Histoire, c'est-à-dire Fin des Nations et de l'Église romaine), que la plupart des théologiens traditionnels ne saisissent pas, ou ne veulent pas saisir, Dieu le sait je ne sais, comme dirait saint Paul...
Autrement dit, l'infaillibilité du Magistère ordinaire et universel, le caractère hérétique formel de la doctrine de la Liberté Religieuse, liés ensemble dans un acte ecclésial authentique et autorisé, nous obligent formellement à croire de Foi divine et catholique que notre temps est celui du règne de l'Antéchrist devant précéder immédiatement le Retour du Christ. À partir de D.H.P., c'est "l'abomination de la désolation" qui commence, c'est la Passion, puis la Mort, puis, après, la Vie.
Nous sortons évidemment de la routine et du ronron de l'historicisme tant affectionné des traditionalistes, toutes tendances confondues, tous exceptionnellement d'accord sur ce seul point par lequel ils imaginent bourgeoisement un dénouement historique à la Crise de l’Église engendrée par Vatican II.
Et il ne faudrait surtout pas croire que s'il en est ainsi, il ne nous reste plus qu'à tomber dans le désespoir ou le lâchage honteux. Car une chose est certaine : le Chrétien, en quelque situation où il se trouve, a toujours droit à l'Espérance du Salut, fut-il, et c'est bien notre cas !, "plongé en enfer avec l'Amour", comme le demandait sainte Thérèse d'Avila à Dieu, dans ses transports extatiques..., fût-ce aussi spem contra spem "l'espérance contre toute espérance"294, comme disait saint Paul à propos de la Foi d'Abraham qui, à cent ans, a cru Dieu lorsqu'il lui annonçait, à lui et à Sara, un enfant...
Et c'est bien notre situation : la manière dont nous pouvons nous sauver de nos jours, c'est précisément CONTRE TOUTE ESPÉRANCE. Et il faut savoir que cette voie-là est une voie privilégiée, qui n'était connue que des âmes mystiques dans les Temps ordinaires : en même temps qu'elle apporte la mort, elle apporte aussi la Vie divine, et une Vie divine supérieure.
Dieu est beaucoup plus présent dans l'âme qui vit la Passion, que lorsqu'elle est dans la voie ordinaire... alors que, dans l'extérieur de notre être, c'est l'inverse que l'on ressent, un atroce abandonnement de Dieu ("Eli, Eli, pourquoi m'as-Tu abandonné ?").
En fait, ce qui est demandé au catholique contemporain, c'est l'acte de Foi le plus divin que les siècles chrétiens eurent jamais à poser. C'est, derrière les apparences mortellement honteuses, ignobles, quasi invivables, vraiment exaltant. Et puis, le Christ, miséricordieusement, donne, dans certains éclairs (hélas, trop rapides !), de grandes consolations que n'eurent pas nos pères dans la Foi : ces éclairs-là, prodigieusement illuminés de la Force du Saint-Esprit, vraiment divins, réparent soudainement en nous les affres de la mort mystique, en nous surprenant délicieusement à chaque fois, pour nous permettre de continuer dans notre voie crucifiée.
Car, bien sûr, Dieu est au-dessus de la mort. Dux vitse mortuus, Régnât vivus ! (L’Auteur de la Vie est mort, et, vivant, Il règne !). Cette Prose de la liturgie pascale est en vérité un admirable raccourci ! La mort mystique de l'Église que nous vivons, en effet, n'est pas la mort définitive : elle est au contraire l'assoupissement mystérieux, la Dormition, préparant une Vie supérieure, et combien éclatante, précisément pour réparer l'opprobre total.
Elle n'est pas un péché ni un anéantissement définitif, une défaite sordide et méprisable de Dieu et du chrétien qui Lui a fait confiance, atrocement désespérante, elle est au contraire le moment où l'Église, comme son Époux le Jeudi Saint, prouve qu'elle aime le Christ "infinem dilexi", et cela veut dire non seulement jusqu'à la fin de l'Amour, mais jusqu'à l'EXCÈS de l'Amour. Et ici, ô combien les vers de la Prose de la Messe du saint jour de Pâques, Victimae pascali laudes, prennent tout leur sens plénier ! "Mors et Vita duello, Conflixere mirando ; Dux vitse mortuus, REGNAT VIVUS". La mort et la Vie ont engagé un duel merveilleux ; l'auteur de la Vie est mort, et vivant, Il règne. Certes, à vue humaine, le conflixere n'est pas tellement mirando !
D.H.P. est formellement infaillible ; son contenu doctrinal est formellement hérétique. Ce sont pourtant ces faits ecclésiaux authentiques et incontournables qui nous montrent la Crise de l’Église. C'est-à-dire, que nous montre le Saint-Esprit. Précisément parce que Paul VI était pape ; parce que l'acte posé était doté de l'infaillibilité ; parce que l'hérésie y contenue est formelle. En posant cet acte ecclésial par la main inconsciente et utopique du pape Paul VI (... et on ne saurait lui faire porter le chapeau de la Crise de l'Église sans le faire porter en même temps à tous les papes depuis Pie VII...), le Saint-Esprit a voulu nous montrer que, pour l'Église, l'heure était venue, dans les insondables Décrets divins, où elle devait être "faite péché pour notre salut" (saint Paul) comme le Christ le fut sur la croix, sans cesser d'être PARFAITEMENT SAINTE.
294 Rom. IV, 18.
A suivre
Extrait de : L’IMPUBLIABLE (2005)
Autoédition Vincent MORLIER
elogofioupiou.com