Il est des démons qui ne s'exorcisent que par le jeûne et la prière, c'est-à-dire par la pénitence. Ainsi celui de la Révolution.
Voici donc que, depuis deux siècles, les tenants de la Contre révolution s'évertuent à faire face, soit en brandissant leur doctrine de formation et d'action fondée sur l'ordre naturel, soit en se réfugiant dans la prière. Les plus engagés et, disons, les plus parfaits allient au mieux l'apostolat doctrinal et l'oraison. Une multitude de brochures, d'études et de livres pieux ou saints circulent sous l'impulsion de leurs initiatives. Et pourtant, tout se désagrège et le renouveau ne débouche pas.
C'est que l'essentiel, semble-t-il, — à savoir la pénitence authentique, source d'humilité — n'a pas été suffisamment prôné et réalisé dans le camp de la Contre révolution. On n'a pas assez pris conscience des outrages infligés au Sacré-Cœur de Jésus. La Très Sainte Vierge, à Lourdes notamment, est venue nous le rappeler d'une manière pressante. Comme Saint Jean-Baptiste annonçant le Sauveur et Libérateur, Elle clame dans le désert : «Faites pénitence. Comblez les ravins, aplanissez les montagnes, redressez les chemins tortueux. »
Le sacrifice de la mortification et du jeûne trouve naturellement, pour les âmes d'élite, son prolongement dans ces préceptes prêchés par l'homme vêtu d'une peau de chameau et qui se nourrissait de miel et de sauterelles. Il appelait à la pénitence corporelle, mais surtout à la pénitence intérieure, c'est-à-dire : «Combattez vos tendances mauvaises, convertissez-vous pour accueillir en vous la volonté et le règne de Dieu seul ».
Du Jourdain à Lourdes et de Lourdes à Loublande, il n'y a qu'un pas.
Car, véritablement, la libération ne peut s'obtenir que de cette manière : faire le vide intérieur, essayer de se dépouiller de son moi, reconnaître que nous ne sommes rien et que Dieu est tout, — que lui seul peut nous sauver.
Ici, l'image de Moïse revient devant nos yeux. Voici un homme qui, même se sachant investi d'une mission — Dom de Monléon l'explique fort bien dans son livre « MOÏSE », — a cru un moment qu'il libérerait le peuple hébreu par ses propres forces de l'esclavage de Pharaon.
En effet, à 40 ans, Moïse est au sommet de la gloire humaine, il dirige l'armée égyptienne, il est même l'héritier présomptif du trône. Il lui suffirait d'attendre ou même, de provoquer un coup d'État pour prendre la place du tyran et ouvrir la porte vers la « terre promise ». Mais voilà qu'emporté par sa nature violente, il tue un Égyptien qui battait un Hébreu. Il commet un acte qu'il sent et sait répréhensible aux yeux de Dieu. Tout s'écroule. Son esprit s'ouvre sans doute. A-t-il la prémonition de cette Voix qui va bientôt lui dire : « TU ne tueras point » ? On ne sait. En tout cas, l'homme puissant voit sa petitesse, la méchanceté de sa nature, il mesure ce qu'il vaut, il se sent nu. Alors, il fuit, il fuit dans le désert pour retrouver son Dieu. Car, précise Saint Paul, « Moïse quitta le pays d'Égypte pour obéir a sa FOI, ET NON PARCE QU'IL CRAIGNAIT LA COLÈRE DU PRINCE » (Héb., XI, 27).
Et cela dura encore 40 ans.
En effet il ne suffit pas d'être au désert pour rencontrer Dieu, il faut, écrit Dom de Monléon, faire le désert en soi-même, alors là « on rencontre Dieu infailliblement ». Et c'est ce qui se produit finalement pour le chef Moïse. Il a pleuré ses péchés, anéanti son moi, ôté de son cœur ce mensonge qui consistait à dire : « Moi, je libérerai mon peuple ». Car c'est Dieu seul qui va libérer le peuple hébreu et non pas Moïse. Cet homme violent va combattre ses tendances, se faire doux, d'une parfaite docilité sous la main divine. Dieu s'en servira comme d'un instrument inutile. Mais en même temps la gloire impérissable de Dieu va rejaillir sur son élu, dont aucun être humain ne pourra plus supporter l'éclat du visage. Moïse, à ce titre, est vraiment le symbole du chef : Dieu combat, et il ne fait plus que la volonté de Dieu.
Ainsi donc, notre propre libération de l'empire pharaonique actuel, c'est-à-dire des puissances déclarées ou occultes de la Révolution ou du Gouvernement mondial luciférien, ne peut pas être le fruit des urnes, d'un coup d'état ni d'un complot. Notre libération sera le fruit de la pénitence et de la prière. Dans le chaos qui s'annonce, beaucoup se déclareront chefs et la "Franc-maçonnerie ne manquera pas de nous proposer encore son ou ses « hommes providentiels », connus ou préparés dans l'ombre, aussi faudra-t-il essayer d'avoir le courage de les discerner et de les dénoncer tous pour déblayer le terrain.
On peut désormais affirmer ceci, sans crainte de se tromper : les Français reconnaîtront leur Chef à son esprit de pénitence et d'humilité. Il viendra non pas par la publicité ou par l'intrigue, mais comme un inconnu que Dieu seul connaît. Il n'aura rien pour lui, mais tout contre lui. On parlera des autres, mais jamais de lui.
A suivre
Extrait du LE MOYEN DU SALUT, de Claude Mouton et Henri Guillemain. Diffusion de la Pensée Française.
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