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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

27 février 2014 4 27 /02 /février /2014 10:00

Socrate disait avoir un génie qui le gardait des fausses démarches. Le chrétien a en lui beaucoup mieux, il a un génie de l'Être, un génie universel, qui peut harmoniser son action relative à lui-même, a tous et à tant, sans déviation funeste.

 

Nous avons reconnu en nous un autrui divin; mais c'est ici une   influence  plus  vaste,  bien qu'elle coïncide partiellement avec l'autre et se rapporte au même sujet éternel.

 

Gœthe a remarqué que rarement nous adop­tons les moyens de nos fins, que nous prenons rarement la bonne route. Le but nous est tracé par l'instinct; mais la raison et la passion se disputent la marche. Que faudrait-il pour que la raison triomphât ? Que la passion voulût bien céder ? Mais cela ne se peut toujours pas. Il y a donc lieu de se souvenir que le résultat dépend aussi de l'autre extrême. La passion subsistant, l'effet sera redressée si l'instinct est le plus fort. Mais notre instinct ne pourrait s'arrêter là que si nous étions seulement des indi­vidus et des hommes.

 

Nous sommes des fils de Dieu, frères de toutes créatures, et des élus de Dieu,   appelés   à   son   amitié   jusqu'au   partage intime de ses biens.  Comme tels, nous devons nous sentir entraînés   dans une voie où nulle passion   individuelle   on   commune   ne   devrait pouvoir arrêter nos pas ou  faire dévier notre marche.  Bhagavad-Gîtâ dit : « Dans le cœur de tout vivant, réside un maître qui le fait mouvoir par sa magie comme par un mécanisme caché. » Disons plutôt des ailes, car il s'agit de survoler le réel immédiat en faveur de ces îles lointaines : le « parfait » et l'universel, dont nous sommes les croyants.

 

Pour que notre conduite égale notre appel, il faut et il suffit que notre moi profond, empreint de la Divinité et scellé de son chiffre, excite le moi inférieur et le contraigne. L' « obligation » est une auto obligation, d'origine céleste, mais sise en nous et qui se complète d'invitations au progrès, voire à l'héroïsme. En nous est le règne de Dieu. L'Esprit universel nous habite. L'uni­vers prend conscience en nous, avec son Père et notre Père, son Dieu et notre Dieu, dans la com­munauté de tous nos frères les êtres pensants. Une telle vision, si nous savions la « réaliser », ne serait-elle pas un stimulant tout-puissant ? La lumière qui en émane ne suffirait-elle pas à tout ? Ne ferait-elle pas naître un désir emportant tout, et n'y trouverions-nous pas une source de joie inépuisable ?

 

Mais qui donc écoute son cœur ? Notre vie consciente est une petite clarté entre deux nuits : nuit du mystère et nuit du dedans, où nous ne faisons aussi que quelques pas. Rentrer en soi-même, prendre conscience de soi jusqu'au delà de soi, jusqu'au tout et au Père de tout, jusqu'à la Trinité éternelle, et suivre l'indication qui nous vient de ce moi élargi, de ce moi-Dieu.

 

C'est obéir au vrai génie humain, à l'Esprit qui crie en nous : « Père! Père! » (Epître aux Romains VIII, 15.)

 

Extrait de : RECUEILLEMENT. Œuvre de A. D. Sertillages O.P. (1935)

 

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