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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 10:45

La destinée m'a déjà entraîné trop loin; il est temps de revenir à moi-même. La destinée est mon fait; mon fait dépend de mon être et de l'exacte connaissance que j'en ai. Je dois donc m'interroger et me poser cette question étrange : Qui suis-je ?

 

Oui, qui suis-je, moi qui ne puis descendre en  moi-même   sans    y   découvrir    un   espace  effrayant qui défie la pensée autant que notre univers. Au vrai, ces deux cas se répondent. Il faudrait que l'homme eût atteint la connais­sance de toutes choses   pour se connaître lui-même, car les choses ne sont que les frontières de l'homme. Nous sommes dans l'univers et l'uni­vers est en nous,   Connaître l'un des deux et connaître le tout est une même science.

 

Ma question n'est donc pas vaine. Qui suis-je ? Psychologiquement, un magma; moralement, un lacis d'influences contraires. Il y a en moi un ami du bien; il y a aussi un être d'orgueil, de sensualité, de violence, de paresse, de mensonge, de duplicité que je ne puis désavouer, puisque je participe à leurs actes et à leurs conseils se­crets. Je suis ce qu'ils sont. Cependant, je me sens indivis.

 

Quel est ce mystère ? Qui est illu­soire, de ce moi qui cherche le bien, dans le bien aspire au mieux et au parfait, ou de cet autre multiple et changeant que je n'arrive à distin­guer ni de ses pareils ni de moi-même? « Lé­gion » est-il mon nom ? Où m'appellerai-je chaos, songeant à ce mélange grouillant d'où tout peut sortir?

 

Le certain est que je suis fait pour l'ordre. A ce prix seulement on est une personne.Qui donc me révélera à moi-même et me donnera à moi-même, faisant de mon âme une « harmo­nie », selon le vœu de la sagesse antique ?

 

Moi qui le sais, je dois recourir, pour découvrir et réaliser mon unité, à Celui qui est un par essence, qui peut donc unifier mon être en l'unissant à lui, principe d'ordre, vérité qui harmonise toute pensée, fin qui ordonne tout désir, terme qui reçoit toute action et la sanctionne.

 

C'est par l'Esprit de Dieu que s'éclaire et s'organise le cœur, comme par l'esprit de vie s'organise la matière vivante. Dieu est l'âme de notre âme. Sans lui survient ou persiste la nuit intérieure. Nous ne sommes plus qu'un cadavre.

 

Mort ou vie, incohérence ou clarté dans la tranquillité de l'ordre : c'est le dilemme. Quand je serai donné à Dieu, je serai en pos­session de moi-même dans toute la vérité de ma personne. Sans lui, je ne sais rien de moi-même; sans lui, au vrai, je ne suis pas.

 

 

Extrait de : RECUEILLEMENT. Œuvre de A. D. Sertillages O.P. (1935)

 

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