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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

30 janvier 2014 4 30 /01 /janvier /2014 10:43

Les mystiques et les profonds penseurs, nous étonnent avec leurs pa­roles et aussi dans leur langage à eux, les grands artistes, parce qu'ils essaient de faire dire aux mots, aux cou­leurs et aux formes des choses impos­sibles, dont eux seuls en savent le secret.

 

La signification de cet étonnement est expri­mée par Gœthe dans cette phrase profonde : « Toutes les choses périssables ne sont que des sym­boles. » Symbole de quoi? Évidemment de l'idéal, que l'on déclare ainsi vraie réalité, dont le sym­bole est l'annonce.

 

Pascal écrivait   déjà   à   M11e de Roannez (4e lettre) : « Toutes choses couvrent quelque mys­tère; toutes choses sont des voiles qui couvrent Dieu. Les   chrétiens   doivent le reconnaître en tout. » Ici, la pensée est complète. La réalité du créé est toute fondée en l'idéalité de Dieu. Elle est donc  spirituelle.  

 

Les choses sont filles de l'Esprit, communication de l'Esprit; elles révèlent cet Esprit par leur essence même, et c'est ainsi qu'elles sont des symboles. Si elles n'étaient res­semblance de Dieu, elles ne seraient point. Cette ressemblance est leur être même en tout ce qu'il a de significatif et d'utile pour nous : Comment nous   arrêter à ces   images   changeantes   en ou­bliant ce qui fait, en arrière, leur stabilité ?

 

Toute chose est ferme en Dieu et en elle-même fuyante, caduque, presque inexistante. Les idées créatrices sont le solide, et les formes créées sont le reflet. Il s'ensuit que dans les idées de Dieu, que la conscience ou bien l'Évan­gile nous les révèle ; la loi de toutes choses y est inscrite, et la nôtre, et le secret de toute consistance, et la for­mule de tout progrès, et le terme de tout effort.

 

On croit que  les idées   sont   en nous : c'est nous qui sommes en elles. Elles constituent un univers pour lequel nous sommes faits, sur lequel se modèle grossièrement l'autre, à cause de la matière, et qui doit être pris comme référence, pour que   l'univers   commun   des   hommes  et l'univers de  chaque homme  ne  se  détraquent point.

 

On ne sait plus cela, et c'est pourquoi tant de détraquements se constatent. On refuse de vivre « dans un autre monde », croyant se raidir dans sa foi en celui-ci. Mais si celui-ci n'est que l'autre même en sa manifestation imparfaite et beso­gneuse ? S'il est une traduction dont le texte est ailleurs ? Si le moment éternel des choses est le secret de leurs heureux changements, et si l'oubli de ce type permanent, de ce chiffre, assure leur ruine ?

 

Se croira-t-on d'autant plus d'esprit qu'on a nié l'Esprit ? Alors, périsse l'esprit ainsi avili, dans   le   péril   et   la   prompte   catastrophe   du monde! L'homme spirituel proteste contre une pareille profanation.

 

Il adhère à la devise d'Ox­ford : « Dieu est ma lumière », parce qu'il a reconnu qu'en toutes choses l'idéal est le père des réalités   qui   valent   et qui durent, et   que l'idéal est Dieu.

 

Extrait de : RECUEILLEMENT. Œuvre de A. D. Sertillages O.P. (1935)

 

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