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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

24 février 2014 1 24 /02 /février /2014 09:23

              

Il fallait bien y venir. Il n'y a, pour voir dans leur vérité les œuvres de Dieu, que le regard de Dieu.    C'est lui  qui   «  nomme  » les  êtres,  et Adam ou les fils d'Adam ne les nomment qu'avec lui.

 

On ne peut voir un être tel qu'il est sans voir en lui la pensée de Dieu, sans voir Dieu en ce reflet de lui-même : ainsi ne peut^on se voir soi-même sans voir Dieu en soi, Bossuet a eu raison de traiter « De la connaissance de Dieu et de soi-même » : cela ne se sépare point.

 

Plonger en Dieu par la méditation et le déta­chement des sens, c'est revenir à sa source et apprendre à se connaître avec son Créateur.

 

Nous ne pouvons nous juger qu'en nous tenant pour ainsi dire infiniment loin de nous-mêmes, et c'est-à-dire au plus près, puisque notre vérité est là, au sein de l'Esprit infini. Notre être est comme son Nom en l'une de ses syllabes, une idée réelle de lui, un « aperçu substantiel sur lui », dit Claudel : il faut bien prendre l'idée et l'aperçu où ils se trouvent.

 

Qui voit de loin voit bien; Qui voit de haut voit juste, note Victor Hugo. Dans l'éloignement des pas­sions et des distractions, et dans l'élévation vers Dieu est réalisée au maximum cette condition de vérité et de justesse. De là nous jugeons bien et de nous et de tout. De là nous prenons une juste conscience de nos liens, de nos moyens d'action et de nos obstacles. Ayant alors reconnu que nous sommes liés à toutes choses en Dieu, appelés à posséder toutes choses en possédant Dieu, nous nous touchons dans notre réalité pro­fonde et totale. C'est un magnifique et fécond élargissement. Mais si moi, chétif, je vois ainsi par éclairs et m'égale par ce regard à la fois à moi-même et à la réalité universelle, c'est que je me suis éloigné tellement du moi passager et égoïste, du moi qu'entraînent tous les courants de ce monde, que j'ai emprunté pour me voir le regard même de Dieu.

 

C'est Dieu, en moi, qui vois par moi.

 

Oh! Qu'il faut bien qu'il en soit ainsi! Si je nie voyais, sans Dieu, avec l'œil de Dieu, quel saisissement devant ma terrible nudité! Mais avec lui, quel autre et quel heureux saisissement en face de mes immenses possibilités et de mes ressources! Dieu m'apporte sa force avec son regard, et son cœur, son cœur bienveillant et indulgent, fait que sa vérité me délivre.

 

Un de ses bienfaits seconds, sans prix encore, c'est qu'en son nom quelqu'un, grâce à un amour réciproque, incarnant en quelque sorte son regard et son cœur, me présente une image de moi où je puisse me reconnaître, dans une image de Dieu.

 

 

Extrait de : RECUEILLEMENT. Œuvre de A. D. Sertillages O.P. (1935)

 

elogofioupiou.over-blog.com

 

 

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