L'existence de l'univers et l'ordre qui y règne suppose nécessairement une cause puissante et sage.
Cette cause est Dieu ; c'est lui qui a créé toutes choses et qui règle tout selon les lois éternelles de sa divine sagesse. Parmi les créatures que nous voyons, l'homme seul est doué d'intelligence et de liberté ; il est seul capable de connaître, de vouloir et d'aimer ; mais Dieu, étant la sagesse même, n'a pu donner ces facultés à l'homme qu'afin qu'il les employât à sa gloire.
Ces vérités, que personne ne peut révoquer en doute, prouvent invinciblement la nécessité d'une religion, c'est-à-dire de ce rapport d'obéissance et d'amour de la créature intelligente envers son Créateur. Vainement dira-t on que Dieu est trop grand, trop élevé au-dessus de nous pour s'intéresser a l'honneur que nous lui rendons. Sans doute, Dieu n'a pas besoin de nos hommages, mais il est juste, et ainsi il doit vouloir ce qui est conforme à la raison et à l'ordre : or, il est dans l'ordre que la créature honore son Créateur et qu'elle lui témoigne son amour et sa reconnaissance
Est-il au pouvoir d'un père de dispenser ses enfants do l'amour et du respect qu'ils lui doivent ?
Dieu est notre père, nous devons l'aimer ; il est infiniment bon, nous devons nous attacher à lui ; il est juste et tout puissant, nous devons le craindre et le respecter. C'est lui qui nous a créés, c'est lui qui nous conserve l'être et la vie ; tous les avantages dont nous jouissons, nous les tenons de sa main libérale et il nous prépare des biens infiniment plus précieux que ceux qu'il nous a déjà donnés : c'est donc avec raison qu'il exige de nous un culte religieux.
Ce culte doit être intérieur et comprendre toutes les facultés de notre âme ; il doit être extérieur, afin que notre corps puisse concourir en sa manière à l'honneur que l'homme rend à Dieu ; il doit aussi être public, parce que les hommes, étant destinés à vivre en société, doivent se réunir pour bénir et adorer ensemble Celui qui les a tous créés.
Sans un culte fixe et invariable, la Religion ne pourrait subsister longtemps parmi les hommes : ils ont besoin de s'édifier mutuellement et de s'exciter les uns les autres à la pratique de leurs devoirs. Aussi, dès l'origine du monde, les hommes se sont-ils réunis pour rendre ensemble leurs hommages au Seigneur ; partout on trouve un culte public rendu à la divinité. La même lumière qui découvre à l'homme l'existence d'un être de qui il dépend, lui fait aussi l'obligation de l'honorer. Ce culte, alors même qu'il est égaré chez les nations infidèles, a toujours eu la même origine, c'est-à-dire le besoin d'honorer une puissance suprême, un Dieu créateur et conservateur, une Providence qui règle tout. Tant il est vrai que l'homme entend sans cesse une voix intérieure qui crie : Hommage au maître de la vie.
Extrait du: NOUVEAU TRAITÉ DES DEVOIRS DU CHRÉTIEN ENVERS DIEU. (1860)
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