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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

30 décembre 2013 1 30 /12 /décembre /2013 08:54
Pour connaître, du moins imparfaitement, l’énormité du péché mortel, il faut considérer DIEU, en lui-même, dans ses effets et dans le châtiment.


En lui-même, le péché mortel est une révolte contre Dieu et une ingratitude monstrueuse. Mais qu’est-ce que Dieu, et quelle est sa puissance? Au commencement, rien de ce que nous voyons n’existait, il n’y avait ni Ciel, ni terre, ni montagnes, ni rivières, ni animaux, ni plantes. Dieu dit, et tout cela fut fait. Avec la même facilité qu’il créa l’univers, il le gouverne, et toutes les créatures lui obéissent. Il dit au soleil de se lever tous les jours, et il se lève ; il dit aux astres d’accomplir leurs révolutions dans l’espace, sans jamais s’écarter de la ligne que sa main puissante leur a tracée, et les astres la suivent avec une régularité parfaite.
Il appelle l’aquilon et les tempêtes, et ils accourent des extrémités de la terre, et ils bouleversent l’Océan, et des masses d’eau s’élèvent en mugissant comme de hautes montagnes qui semblent devoir engloutir la terre. Il dit à l’aquilon et aux tempêtes de s’apaiser, et ils s’apaisent ; il dit à la mer en furie de rentrer dans son lit, et la mer, obéissante comme une brebis sous la main du berger, rentre dans ses abîmes. Il dit à la terre de produire des plantes et des fruits de toute espèce, et la terre se couvre de richesses aussi variées que nos besoins et nos désirs. Au moindre signe de sa pensée, les innombrables intelligences des Cieux accourent, et, humblement prosternées au pied de son trône, lui disent : Nous voici. Il parle, et les Chérubins, et les Séraphins, et les Anges et les Archanges exécutent ses volontés avec la rapidité de l’éclair.
Ce grand Dieu commande, et tout s’empresse de lui rendre hommage, tout lui est soumis. Je me trompe, au milieu de ce concert unanime, une voix se fait entendre, qui dit : Je n’obéirai pas. Quel est donc l’être audacieux qui lève contre le Dieu fort, éternel, tout-puissant, l’étendard de la révolte? C’est l’homme ! L’homme, vil amas de boue et de pourriture ; l’homme, être débile, pauvre, misérable, qui ne vit qu’un jour, et encore ne vit-il que d’emprunt : tel est l’être qui ose se mesurer avec le Tout-Puissant.
Voyez avec quelle insolente fierté il prononce contre Dieu ses blasphèmes : Je le sais, vous imposez des lois à toute la nature, et toute la nature vous obéit ; mais moi je ne vous obéirai pas, je me moque de vos lois, de vos promesses et de vos menaces ; je veux penser ce que je voudrai, aimer ce que je voudrai, faire ce que je voudrai, vivre comme je l’entendrai. Tel est le langage que tient le pécheur toutes les fois qu’il commet un péché mortel.
Le péché mortel n’est pas seulement une révolte ouverte contre Dieu, c’est encore une ingratitude monstrueuse. Quel est cet être qui ose dire à Dieu : Je ne vous obéirai pas ? C’est un être courbé sous le poids des bienfaits de Dieu, tout couvert du sang auguste qui l’a sauvé ; c’est l’homme enfin pour qui Dieu a fait le monde et sacrifié son Fils : et, ce qu’il y a de plus criminel, l’homme se sert des bienfaits mêmes de Dieu pour l’outrager. L’air, l’eau, le feu, la lumière, les ténèbres, le vin, les plantes, les animaux, les métaux sont les créatures de Dieu. Cet esprit, ce coeur, cette imagination, cette âme, ces yeux, ces oreilles, cette langue, ces pieds, ces mains, ce corps, il les tient de Dieu, et il s’en sert pour outrager Dieu ! Ingrat, voilà le nom du pécheur. Ingratitude, voilà son crime, crime qui excite dans tous les coeurs l’horreur et l’indignation. Ce que nous venons de dire vous présente une bien faible idée de l’énormité du péché mortel, considéré en lui-même.
Dans ses effets. Le péché mortel prive de l’amitié de Dieu, fait perdre nos mérites passés et ferme le Ciel. Qui pourrait raconter ce qui se passe dans une âme malheureuse au moment où elle tombe dans le péché mortel ? Belle comme un Ange, brillante comme l’aurore, elle devient noire comme un charbon, horrible comme Satan ; sa robe d’innocence lui est enlevée ; l’auguste Trinité sort de son coeur; une troupe hideuse de démons la remplace; son nom est effacé du livre de vie. Qu’elle vienne à mourir en cet état, et la voilà ensevelie pour l’éternité dans un gouffre de feu : tous ses mérites passés sont perdus.
On plaint le laboureur dont le champ a été ravagé par la grêle, le navigateur dont le vaisseau a été englouti par les flots ; quelles plaintes ne mérite pas l’âme infortunée qui vient de perdre ses mérites, son Paradis, son Dieu ! Il est vrai, si elle recourt au Sacrement de Pénitence et qu’elle obtienne le pardon de sa faute, ses mérites revivront ; mais, tant qu’elle reste ennemie de Dieu, ses mérites sont perdus pour elle. Bien plus, elle ne peut en acquérir de nouveaux : tout ce qu’elle fait en état de péché mortel est sans valeur pour le ciel.
Dans ses châtiments. Pour apprécier l’énormité du péché mortel, il suffit d’une réflexion bien simple. Dieu est juste, infiniment juste, il ne peut punir le péché plus qu’il mérite ; Dieu est bon, infiniment bon ; sa miséricorde le porte continuellement à punir le péché moins qu’il mérite. Or, voilà six mille ans que Dieu inonde l’univers de châtiments épouvantables, et tout cela pour punir le péché mortel : ce n’est rien encore. Pour punir le péché, Dieu a creusé l’enfer, l’enfer éternel, où le pécheur sera livré sans relâche à des tourments dont la seule pensée fait frissonner.
Ce qui passe toute imagination, en haine du péché, Dieu a fait mourir son propre Fils sur une croix entre deux scélérats ! Voilà les châtiments du péché mortel : et Dieu est juste, et Dieu est bon, infiniment juste, infiniment bon.
Qu’est-ce donc que le péché mortel ? Et nous n’y pensons pas, et nous le commettons sans peine, et, après l’avoir commis, nous dormons tranquilles ! Nous qui avons versé tant de larmes pour des bagatelles, c’est à peine si nous en avons versé une sur nos péchés !
Que désormais, au moins, on puisse dire de nous ce qu’on disait d’un saint Basile: Cet homme ne craint que le péché. 
Extrait de Mgr Gaume – Catéchisme de persévérance (1889)
elogofioupiou.over-blog.com

 

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