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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

8 février 2014 6 08 /02 /février /2014 12:41

Une fois reconnue notre nature et une fois jugée notre situation dans l'ordre moral telle que la notifie notre appel, on a le droit de dire que celui qui n'est pas heureux, c’est qu’il ne veut pas l'être, et que celui qui l'est, ne peut pas sans le vouloir, cesser de l'être. Notre sort est tout entier entre nos mains.

 

Serait-ce un paradoxe? On nie, alors, nos pré­suppositions, c'est-à-dire l'économie chrétienne tout entière. Pour le chrétien, rien de ce qui compte n'est d'ici. Nous n'en avons jamais que des prémices. Mais à son heure et en sa forme authentique, nous ne pouvons manquer le bonheur que par notre propre défection. Qui peut nous l'arracher, si nous le tenons de Dieu par droit de fils et comme héritage?

 

Et qui peut nous le donner, hors ce Dieu, au temps marqué par lui, lors de la manifestation qu'il prépare? Notre bonheur consiste en un gage sûr. Notre bonheur est une espérance. En ces deux for­mules tient toute la vérité de notre foi, en cette question d'une si angoissante portée humaine.

 

Le malheur veut que, même croyants, nous ayons toujours peine à accepter de telles consé­quences. Notre cœur est sceptique pour les réa­lités et crédule pour les mensonges. Rêveur quand il désire et, possédant, impitoyable cri­tique, il passe d'objet en objet, pensant toujours saisir la chimère. Il ne la saisit point. Notre dernier geste est de tendre encore vers elle une main défaillante.

 

Cela n'est pas surprenant. C'est un cas de cette cécité que nous devons à notre complexion où le physique prédomine. Tirez votre âme du fond de votre chair, vous percevrez que le bonheur vrai, pour le voyageur de ce monde, est d'être dans la voie du bonheur, d'en avoir des assu­rances fermes, d'en goûter, si Dieu le permet, quelques heureux présages, mais non point comme biens qui suffisent.

 

Nous avions déjà appris de Socrate que la conscience mérite plus de foi, en fait de bonheur, que toutes les promesses du monde; qu'il y a plus de sécurité à faire le bien et à éviter le mal, qu'à se jeter passionnément vers des biens qui sont peut-être des maux, en fuyant des maux qui sont peut-être des biens.

 

Cela revient au cri de saint Vincent de Paul : « Je ne crains que mes péchés », et le fond commun à Socrate et à l'Évangile consiste en ceci : que nous vivons, par grâce et par nature même, plus profond que les événements de notre vie; que nos états inté­rieurs portent plus loin que ce qui se voit et ce qui s'expérimente. Nous vivons, proprement, une vie éternelle.

 

 

Extrait de : RECUEILLEMENT. Œuvre de A. D. Sertillages O.P. (1935)

 

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