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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

12 janvier 2013 6 12 /01 /janvier /2013 16:47

 

Tout le monde était fatigué, épuisé, après l'accueil triom­phal, mais tumultueux, que Jérusalem avait réservé la veille à Paul VI. Les journalistes n'en durent pas moins se lever à deux heures du matin, pour pouvoir franchir la fameuse Porte de Mandelbaum qui constitue, dans la rigide séparation, partout ailleurs impérative, le seul lien entre la Jordanie et Israël. Pour la première fois depuis de nombreuses années, cette Porte qui ne peut normalement être franchie que dans un sens, sans possibilité de retour en Jordanie, devait rester ouverte toute la nuit, pour permettre le passage des journa­listes à la suite du Pape.

 

Paul VI se leva à cinq heures, une demi-heure avant qu'à l'horizon, sur les collines de Judée, aussi sèches et rugueuses que celles de la crèche, le ciel ne se peignît d'un rosé léger, pour annoncer l'aurore imminente.

 

A sept heures, le cortège se mit en route, vers la frontière arabo-israëlienne, vers Jenin. Cette localité avait été choisie pour éviter toute équivoque sur la signification d'un accueil réservé au Pape par les autorités israéliennes à Jérusalem. Si le Pape et le chef de l'état israélien s'étaient rencontrés dans la Jérusalem israélienne, les arabes auraient pu interpréter le fait comme une reconnaissance de la ville, en tant que capitale d'Israël.

 

Le choix de Jenin supprimait toute possibilité de complication politique. La rencontre avec les autorités israéliennes, eut lieu à Meghiddo, premier poste frontière, et le Souverain Pontife, en réponse à l'hommage que lui adressait le Président Zalman Shazar, dit, entre autre : « Votre Excellence sait, et Dieu nous est témoin, que nous ne sommes, dans cette visite, guidés par aucune consi­dération qui ne soit d'ordre purement spirituel. Nous venons comme des pèlerins, nous venons vénérer les Lieux Saints, nous venons pour prier. » II y eut un échange de cadeaux (le Pape offrit deux candélabres d'argent finement ciselés et un moderne appareil pour électrocardiogrammes, comme il l'avait déjà fait pour un hôpital jordanien); puis le cortège rejoignit Nazareth et, à la basilique de l'Annonciation, le Pape célébra la Sainte Messe et prononça un nouveau dis­cours, entièrement consacré à l'exaltation de la Sainte Vierge. Puis on se remit en route vers le lac de Tibériade, en passant par Cana, la ville où Jésus changea l'eau en vin, pendant le fameux repas de noces. La Galilée est une terre heureuse et le Christ l'aimait tendrement; il vécut longuement à Naza­reth, jusqu'à l'âge de trente ans, et y travailla le bois comme Joseph. Les menuisiers, les charpentiers, les artisans sont encore nombreux en Palestine; et c'est à Nazareth que le P. Gauthier a fondé sa congrégation des « Compagnons de Jésus Charpentier » : le Père, entouré de dizaines d'ouvriers arabes, était présent au passage du cortège et présentait un gigantesque écriteau de bienvenue.

 

Voici le lac de Tibériade, le « Lac de Jésus », sur lequel il navigua plusieurs fois en barque et où il marcha sur les eaux; le Pape s'arrêta à l'endroit exact où Jésus donna à Pierre son pouvoir; il descendit trois marches, se baissa, plongea les doigts de la main droite dans le lac, s'agenouilla, se signa; puis il se releva, se retourna et bénit la foule.

 

Le cortège pontifical rejoignit ensuite le mont des Béati­tudes, où le Pape lut la fameuse page de l'Évangile, qui a donné son nom à la localité : une colline haute de cent cin­quante mètres. Ses paroles, vibrantes d'émotion, semblaient acquérir, plus que jamais, une vitalité et une actualité pres­santes, en cet endroit de la terre où la douceur et la justice sont tellement oubliées. C'était l'écho toujours vivant, tou­jours identique, qui montait du fond des siècles, pour dicter les règles de ceux qui veulent suivre le Christ.

 

Dans le couvent tenu par les « Franciscains de la Garde de Terre Sainte », le Pape prit ensuite un déjeuner frugal et s'accorda un moment de repos.

 

Puis on se rendit à Capharnaüm, via Tag bah. Capharnaüm fut, après Nazareth, la ville préférée de Jésus : c'est là qu'il s'installa, qu'il enseigna, qu'il accom­plit la plupart de ses miracles, dans ces rues et sur ces places. Les gens venaient l'écouter de la Galilée, de la Samarie, et même de la Judée et, certains jours, pour échapper à la foule qui voulait à tout prix un prodige, il devait se réfugier sur les berges du lac de Tibériade. C'est à Capharnaüm qu'il annonça l'institution de l'Eucharistie. Quand le Pape fut dans les ruines de la Synagogue devant laquelle Jésus avait prêché, il accomplit un geste qui parut improvisé, mais qui avait certainement été longuement médité : il annonça à Mgr Martin et à Mgr Kaldan, de la Garde de Terre Sainte, qu'il les avait nommés évêques. Mgr Martin tomba à genoux. Ces deux nominations, communiquées individuellement, avaient, certes, une signification qui dépassait la reconnais­sance envers les personnes; c'était une réaffirmation de la primauté de Pierre, à qui il revient de confirmer ses frères.

 

Le voyage en Israël allait finir. Quand le Pape, accompagné seulement des trois cardinaux Tisserant, Cicognani et Testa, et de son confesseur, le P. Bevilacqua, monta au mont Tabor, le soleil se couchait presque.

 

Jésus aussi laissa tous ses autres disciples et, « entouré de Pierre, de Jacques et de Jean, monta seul sur une montagne pour prier ». Et, tandis qu'il était en oraison, son visage devint lumineux comme le soleil, ses vêtements blancs comme la neige. Ce fut la Transfigura­tion.

 

Sur la route du retour, le Pape s'arrêta au Cénacle, à la Dormition (l'endroit où l'on croit que la Vierge s'est endormie dans le Seigneur) au mont Sion. Puis il entra dans la Jérusalem jordanienne, par la Porte de Mandelbaum, symbole de la guerre et de la haine. Il la franchit en priant pour la paix.

 

Et nous voici arrivés à la grande rencontre historique!

 

A suivre…

 

Extrait du volume : PAUL VI 

                                G. SCANTAMBURLO

                                Édition; Maison Mame  (1964)

 

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