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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

26 mars 2017 7 26 /03 /mars /2017 08:40

    RETOUR  AU NÉANT

Dieu nous a faits de rien, d'absolument rien, et il est bon, à l'occasion, de se le rappeler. Parce que Dieu nous a créés, nous sommes des êtres précieux, mais parce que nous venons d'un néant total, il nous est impossible de nous vanter de notre indépendance. Et comme nous venons de Dieu, nous avons le désir lancinant d'en revenir à une union avec sa Vie, avec sa Vérité, avec son Amour. Mais comme nous sommes également les enfants du néant, nous dépendons autant de lui que les rayons du soleil dépendent du soleil.

Lorsque saint Jean-Baptiste vit Nôtre-Seigneur pour la première fois, cette conscience du néant l'amena à dire : « Je dois m'abaisser ; il doit gran­dir. » Ceci n'implique nullement que saint Jean manifestait une fausse humilité, qu'il prétendait sans aucun réalisme que lui et son œuvre étaient sans valeur. Il s'agissait de cette simple constatation : même la plus brillante des étoiles perd son lustre devant la gloire du soleil levant.

Saint Jean s'est abaissé en face de Dieu ; nous pourrions faire de même en nous rappelant de temps à autre que notre origine, c'est le néant. Nous le pouvons par la pratique de l'humilité et, ce faisant, nous renouvelons notre création. Il nous est possible de retourner, psychologiquement, dans les entrailles du néant originel, en nous dépouillant de tout ce qui n'est pas Dieu et en retrouvant ainsi l'inexistence nue d'où il nous a tirés.

Lorsque nous regardons en face les faits réels de notre existence, nous ne pouvons que nous rendre compte qu'il est tout et que nous ne possédons rien qui ne vienne de lui. Nous nous apercevons alors que c'est lui qui nous maintient en vie, de minute en minute. Nous comprenons que sans lui, nous ne pouvons rien faire. Notre divin Sauveur a rappelé ;\ ses disciples leur néant relatif lorsqu'il a décrit le comportement que le Chrétien doit adopter à un banquet : il lui faut éviter de prendre la place 'd'hon-lieur, de s'imposer comme une vedette, il lui faut agir comme s'il était un individu sans importance plutôt que d'essayer de passer pour « quelqu'un ». Un peu plus tard, au cours de son ministère, il est retourné à ce thème, il a fait l'éloge du Publicain qui, conscient de son insignifiance, entrait dans le temple par la porte dérobée, alors que le Pharisien se poussait au premier rang. Nôtre-Seigneur a fait connaître le verdict du Ciel : « Celui qui s'élève sera abaissé et celui qui s'abaisse sera élevé. »

Cette exhortation à l'humilité ne signifie pas tou­tefois que nous devons traverser la vie avec un « complexe d'infériorité ». Il ne faut pas rechercher la vallée de l'humilité pour y trembler dans les ténèbres, mais bien au contraire pour que, de cette vallée, nous puissions apercevoir les montagnes de Dieu et y trouver notre exaltation. Le bond en alti­tude qu'on fait en partant de la conscience de sa petitesse pour accéder à la joie de la grandeur du Seigneur est magnifiquement exprimé par Marie, la Mère de Jésus : « II a jeté un regard gracieux sur la bassesse de sa servante. » En admettant ainsi qu'elle n'était que néant en dehors de Dieu, Marie s'est placée plus bas qu'aucun être vivant ne l'a jamais fait ; son ascension n'en est ensuite que plus sublime.

Plus nous pensons vraiment à nous-mêmes et plus nous pensons à Dieu ; tous les égotistes sont anti­religieux. Le préalable spirituel indispensable pour voir Dieu exige qu'on ne soit pas aveuglé par son propre moi et par tout ce qu'il contient d'orgueil, de vanité et de déification de l'individu. Seul le récipient vide peut être rempli ; seul le récipient débarrassé de son égotisme peut être divinisé. L'eau du puits ne peut rien ajouter à une coupe déjà emplie de boue jusqu'aux bords ; et c'est seulement l'âme humble et vidée qui peut recevoir les Eaux de la Vie Eternelle. Bien souvent, au cours de notre existence, nous emplissons nos coupes avec la boue et les galets de l’égoïsme. Cette boue, ce faux orgueil, ce prix extravagant qu'on accorde au moi, en dehors de Dieu, voilà ce qui complique la vie et empêche l'âme de s'unir à ce pour quoi elle a été faite. De même que le brouillard empêche les rayons- du soleil de resplendir sur la terre, de même en niant la réalité de son néant, le moi nous sépare de Dieu. Mais de même qu'il arrive que la chaleur du soleil dissipe le brouillard, Dieu, lui aussi, peut chasser notre orgueil et atteindre l'âme.

Dieu lui-même nous a montré le chemin de l'humi­lité. Il est descendu jusqu'au néant lorsqu'il s'est humilié au point de mourir ignominieusement sur la Croix, mais c'était pour ressusciter dans toute sa gloire, poussé par la force irrésistible du Pouvoir divin. Pour nous aussi, la seule avenue qui mène à Dieu passe par la Crucifixion du moi. L'homme qui se fait lui-même bâtit sur son propre moi, et générale­ment il se révèle un piètre architecte. Par contre, l'homme fait par Dieu méprise trop son moi pour on faire une pierre angulaire et laisse Dieu ériger l'édifice de sa vie. Il est comme saint Paul : « Je suis ce que je suis par la grâce de Dieu », et il est heureux dans sa franche humilité.

Extrait de : LE CHEMIN DU BONHEUR  (Mgr fulton J. sheen)

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