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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

24 mars 2017 5 24 /03 /mars /2017 08:54

LE DÉTACHEMENT

La vie semble plate et assommante à beaucoup de gens : ils se demandent pourquoi ils ne croissent ni ne se développent, pourquoi ils ne s'améliorent ni ne s'instruisent. Ils se rendent compte qu'ils sont dans une ornière. Ils voudraient savoir comment s'en dégager.

La solution de ce problème est simple, encore que son application ne soit jamais facile. C'est de « déta­chement » que ces hommes et ces femmes ont besoin.

Le détachement consiste à couper tous les liens qui nous rivent au sol. On permet ainsi à l'âme de bondir vers Dieu. Nous sommes comme des ballons ; il se peut que nous soyons maintenus à terre par des câbles d'acier ou par des liens aussi minces que des fils de la Vierge, mais tant qu'ils ne sont pas rompus, nous ne sommes pas libérés de nos attaches avec la vie quotidienne qui nous collent à la terre, qui font de nous des esclaves.

Les âmes peuvent être captives d'un grand nombre de petites choses triviales et paralysantes du monde extérieur. Elles peuvent arriver à dépendre d'une cons­tante succession de plaisirs, de circonstances exci­tantes, de bulletins d'information, ou de toutes sortes de sorties, de telle façon que la vie intérieure finit par avoir à peine le temps d'exister. Chaque fois que nous nous rendons esclave du monde extérieur au point de ne pouvoir, sans lui, trouver le bonheur, notre vie intérieure en est réduite : tous les « extras » que le corps exige, c'est l'âme qui en règle l'addition.

Si nous avons « besoin » de choses extérieures, elles nous absorbent littéralement, de sorte que notre personnalité s'en trouve désagrégée. Nous sommes comme un puits qu'on a si obstinément pompé que toute son eau a été absorbée par un sol étranger. Certains individus se sont tellement abandonnés au monde extérieur que, privés de certains de leurs plaisirs ou de certains de leurs biens, ils ont l'im­pression de ne presque plus exister du tout. Ils ont appris à apprécier leur propre valeur en termes de possession plutôt qu'en termes d'existence. Dépouillées de leurs économies et de leurs richesses, de telles âmes arrivent facilement au suicide : leur subordination aux choses est si grande qu'elles ont perdu jusqu'à la connaissance de leurs rapports véritables avec Dieu.

Le remède à ce dangereux et malheureux état de subordination, c'est le relâchement progressif des liens qui nous attachent aux choses extérieures. Il nous faut cesser d'être la proie de l'alcool, du bruit,  du succès, du plaisir. Même dans une circonstance aussi simple que celle qui consiste à allumer une cigarette, il est sage de laisser la volonté humaine décider par oui ou par non, au lieu de céder machina­lement à l'envie chaque fois qu'elle se manifeste. On doit de temps en temps se refuser même les plaisirs licites et inoffensifs, afin de ne pas être leur esclave, ou l'esclave de nos fantaisies égoïstes. Car l'homme qui ne vit que pour satisfaire ses propres impulsions vit en bien mauvaise compagnie.

Certains indigènes d'Australie ne savent pas comp­ter au-delà de trois. Ils disent : « Un, deux, trois, assez. »

Leur philosophie économique limite ainsi les choses extérieures et les rend sans doute plus insouciants que nous qui comptons par milliards.

Les hommes vivent de leurs désirs, mais il nous est possible de choisir si nous voulons désirer les choses de l'esprit ou les choses du monde. L'homme ou la femme qui, en récapitulant sa journée, est assuré d'avoir refusé cinq fois de céder à quelque menue fantaisie, cet être-là est sur la voie de l'enrichisse­ment intérieur : il a pris le dessus et rejeté l'esclavage des choses.

L'attachement nous diminue ; le détachement nous grandit. Le matérialiste a une personnalité confinée, car il vit dans un univers fermé, pas plus vaste que les choses qui sont accessibles à ses sens. L'égotiste se meut dans un univers encore plus étroit : la cellule capitonnée de son propre égoïsme. Le croyant, lui, a brisé ses chaînes, il peut s'élever libre­ment jusqu'à un Paradis terrestre dans lequel sa nature s'épanouira jusqu'à un bonheur sans limites et sans regrets.

Extrait de : LE CHEMIN DU BONHEUR  (Mgr fulton J. sheen)

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