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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

23 mars 2017 4 23 /03 /mars /2017 08:20

   LE  MOI ET LA  LOI  MORALE

Les plus grands psychologues de tous les temps ont universellement admis que la racine de tous nos malheurs est l'égoïsme ou l'égotisme. L'égotisme est le rejet des deux commandements qui nous enjoignent d'aimer Dieu et notre prochain, c'est l'affirmation du moi en tant qu'étalon de toute vérité et de toute moralité.

Ceux qui vivent emprisonnés dans leur moi passent par trois stades mentaux dont le premier est la satis­faction égoïste des appétits de l'individu. Dès qu'on a fait du moi un absolu, toutes les autres personnes, tous les événements, toutes les choses deviennent des moyens d'assouvir le moi. Pendant la jeunesse, le moi cherche à se satisfaire dans sa propre chair, sans considération de personnes ; pendant l'âge mur, il aspire à la puissance ; pendant la vieillesse, il se quintessencie souvent dans l'avarice et le besoin de « sécurité ». Ceux qui nient l'immortalité de l'âme lui substituent presque toujours l'immortalité des moyens de subsistance. Lorsqu'on se prive des plaisirs qui viennent de Dieu, on finit toujours par s'abandonner aux plaisirs des sens.

Comme il n'est pas possible de toujours satisfaire ses appétits, non seulement parce qu'on entre ainsi en conflit avec d'autres individus animés des mêmes intentions, mais aussi parce que le plaisir finit par s'émousser par sa répétition même, le moi dégringole finalement au deuxième stade mental qui est celui de la peur. La peur, c'est le narcissisme fossilisé. Celui dont la vie s'est surtout extériorisée, qui s'est obstiné à rechercher des plaisirs hors de sa personne, est plus qu'un autre vulnérable à la peur de tout perdre, car son existence est fondée sur des choses qui sont le moins susceptibles d'être dominées par sa volonté. Plus un homme s'appuie sur un bâton appartenant à un autre égotiste, plus il risque qu'on le lui retire, plus il risque de choir. Le désappointement est le lot de ceux qui vivent entièrement au niveau de leurs sens. Dans chaque pessimiste, il y a un hédoniste frustré.

Les déceptions et la satiété provoquent la peur. Plus l'égotisme est grand, plus la peur est grande ; plus l'individu est égoïste et plus noires sont ses craintes. Il semble que l'univers extérieur fourmille d'ennemis : « Tout le monde est contre moi. » Certains redoutent la vieillesse, d'autres la mort, d'autres le suicide jusqu'à ce qu'en définitive on sombre dans le désespoir qui n'est autre chose que le moi laissé à ses seules ressources dont il admet au bout du compte qu'elles sont nulles.

Le troisième stade est l'ignorance. Parce que l'égotiste a rompu tous les ponts avec Dieu et avec le prochain, il s'est privé, de ce fait, de toute connais­sance issue de ces sources. Le moi devient de moins en moins conscient de son destin et du sens de la vie. Il peut rassembler des faits, mais il est incapable de les coordonner. Cette sorte de connaissance ressemble à celle que l'on acquiert en suivant les cours d'une université moderne : on s'y instruit en vue de passer des examens et non d'accéder à une philosophie de la vie. L'ignorance se multiplie en fonction du nombre des connaissances qu'on accumule sans qu'on établisse entre elles de corrélation. L'homme sage ne sait qu'une seule chose, l'Amour de Dieu, et tout le reste s'y conjugue. Par contre, l'ignorance de l'égotiste le rend amer et fait de lui un cynique : d'abord parce qu'il ne parvient jamais à se débarrasser des aspira­tions au Bien que Dieu a implantées dans son âme ; ensuite parce qu'il sait qu'il n'a plus le pouvoir de le vouloir.

Ces tragiques effets du narcissisme ne sont pas sans remèdes. Assez curieusement, le Christianisme tient pour établi, pour commencer, que la plupart des hommes sont égoïstes. Le commandement de Dieu qui nous ordonne d'aimer Dieu et le prochain comme nous-mêmes découle de ce postulat que chaque homme s'aime soi-même. Ces simples petits mots du commandement « comme toi-même » soulèvent une question : comment l'homme s'aime-t-il ? Il y a toujours quelque chose que l'homme aime en lui-même et quelque chose qu'il n'aime pas. Il s'aime lorsqu'il est assis dans un siège confortable, lorsqu'il porte des vêtements qui lui vont bien, lorsqu'il se nourrit agréablement, etc. Mais il y a quelque chose qu'il n'aime pas en lui. Il ne s'aime pas lorsqu'il fait des bêtises, lorsqu'il insulte un ami. En d'autres termes, il s'aime en tant que créature faite à l'image et à la ressemblance de Dieu. Il ne s'aime pas lorsqu'il ternit cette image. C'est ainsi que le prochain doit être aimé. Il faut l'aimer en tant que personne, et même en tant que pécheur, car un pécheur est une personne. Mais son péché ne doit pas être aimé, car c'est la souillure de la divine ressemblance.

Il n'y a guère qu'un moyen d'essayer d'esquiver cette loi, c'est d'ergoter sur l'identité du prochain. Nôtre-Seigneur a tranché la question en répondant que le prochain n'est pas nécessairement l'homme qui habite la porte à côté. C'est celui que nous considérons comme un ennemi. Mais le Seigneur n'a pas exclu la possibilité que l'ennemi puisse également habiter la porte à côté !

Extrait de : LE CHEMIN DU BONHEUR  (Mgr fulton J. sheen)

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