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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

17 janvier 2017 2 17 /01 /janvier /2017 09:33

L'ÉGLISE, MÈRE DES CHRÉTIENS

Audience générale du 15 juin 1966.

Chers Fils et chères Filles,

Désireux d'offrir à ceux qui participent à ces audiences générales une pensée sur l'Église (ainsi jadis  et encore main­tenant peut-être!  ceux qui visitaient des lieux saints célèbres tâchaient d'en emporter un morceau en souvenir de l'endroit et de leur passage), Nous Nous arrêterons une fois de plus aux figures qu'emploie la sainte Écriture pour nous révéler quelque chose de l'Église et nous aider à y penser comme à une réalité chère et connue. Eh bien, aujourd'hui, Nous vous invitons à vous représenter l'Église comme si vous la voyiez à travers le transparent cristal de deux images familières, mais toujours remarquables: l'Église, Épouse mystique du Christ et l'Église, Mère des chrétiens.

Que ces appellations choisies mais mysté­rieuses (surtout la première) vous aident à méditer et à com­prendre quelque chose de la doctrine sur l'Église, si vaste et si profonde, et que Nous ne prétendons certes pas traiter dans ces conversations familières.

Pourquoi l'Église est-elle appelée Épouse?

Épouse du Christ, s'entend. L'usage de cette appellation, appliquée au peuple hébreu, remonte à l'Ancien Testament où le rapport entre Dieu et son peuple est à maintes reprises figuré par l'amour nuptial. Il est bon de rappeler que si, dans l'Ancien Testament, Dieu s'affirme comme créateur transcendant, législateur exi­geant et juge sévère, il se révèle ensuite également amour tou­jours attentif et très tendre, amour prévenant et gratuit, amour fidèle et miséricordieux, amour suave et enivrant, amour qui châtie, qui pardonne et qui sauve. Et ainsi de suite (cf. Cant. ; Jér. II, 2; Osée VI, 6; 1s. XLIX, 15; LIV, 4-10; Ez. XVI, 59-63; etc.).

Dans le Nouveau Testament, le Précurseur applique à Jésus l'image de l'Époux (Jean III, 28-29; et cf. les paraboles: Matth. |XXII, 2-14; Matth. XXV, 1-13).

Jésus se compare lui-même, une fois, à un époux qui rend heureux ses amis (Matth. IX, 14-15). Mais c'est encore saint Paul qui donne à cette image son sens ecclésiologique plus précis dans le célèbre passage de l'Épître aux Éphésiens: . . . Le Christ a aimé l'Église . . . (Éph. V, 21-32), image que l'Apocalypse transporte dans la gloire éternelle, en y faisant entrevoir dans les noces de l'Agneau l'union bienheureuse du Christ avec l'humanité rachetée, décorée du titre et de la dignité de son Épouse mystique (Apoc. XIX, 7-9; cf. Vonier, L'Esprit et l'Épouse, p. 48 — Éd. du Cerf, 1947).

Que nous enseigne cette allégorie qui nous autorise à appeler l'Église Épouse du Christ ?

Elle nous enseigne l'amour au-dessus de tout amour que le Christ a eu pour l'Église, un amour que le mariage humain peut signifier d'une certaine manière bien qu'il ne soit pas si substantiel ni si profond. Les théologiens, les mystiques disent ce qu'est l'union entre le Christ et l'humanité qui dérive de l'Incarnation (union conjugale, écrivait saint Augustin, Verbe et chair: P. L. 36, 495) et du sacrifice de la Rédemption; le Christ s'immola pour l'Église (Éph. V, 25). On a souvent dit que l'Église est un mystère. C'est exact, mais maintenant nous pouvons savoir au moins de quelle nature est ce mystère.

C'est un mystère de charité, mystère de l'amour que Dieu porte, par le Christ, dans l'Esprit-Saint, au monde, à l'humanité, c'est-à-dire à l'Église. L'épigraphe de l'Église peut être: Sic dilexit Deus, c'est ainsi que Dieu a aimé (Jean III, J.6); propter nimiam charitatem, à cause du trop grand amour (Éçh. II, 4), ou bien Christus dilexit nos, le Christ nous a aimés (Eph. V, 2; 2 Thess. II, 15), etc. Cette allégorie nous enseigne donc l'union intime et indissoluble, et en même temps la distinction, entre le Christ et l'Église. Elle nous enseigne que l'Église n'est à elle-même ni son principe ni sa fin. Elle est du Christ. De lui, elle reçoit sa dignité, sa vertu sanctificatrice, son humble et sublime royauté. Elle nous ensei­gne que l'Église n'est pas seulement instrument du salut, mais aussi terme du salut parce qu'en elle s'achèvent le dessein et la charité du Seigneur, en elle se célèbre l'apothéose de l'humanité victorieuse dans le ciel (cf. Hymne de la Dédicace).

Qu'ils pensent à cela ceux qui n'ont pour l'Église que criti­ques et antipathie; qu'ils pensent à cela ceux qui la considèrent comme un diaphragme entre l'homme et Dieu et oublient qu'elle est le point de rencontre de l'amour du Christ pour nous, «la maison des noces, c'est-à-dire la sainte Église». écrivait saint Grégoire le Grand (Hom. 38: P. L. 76, 1287).

Et alors, en pensant au besoin que nous avons de l'Église, la seconde image succède à la première: l'Église est notre Mère et nous lui devons tout. Elle nous a engendrés à la vie nouvelle, celle de la grâce qui fera notre éternel bonheur. Elle nous a donné la foi et, par son magistère, elle nous la conserve identique à elle-même, intacte et féconde. Elle nous a donné la grâce; elle est la dispensatrice des sacrements; elle nous a donné la charité, l'« agapè », la société des frères, elle nous unit, nous éduque à l'amour, au véritable humanisme, à la compréhension et à l'édification d'elle-même; elle nous guide, nous défend, nous met sur le chemin de l'espérance, nous donne le désir eschatologique de la vie future et nous en fait goûter à l'avance la félicité. Par son magistère, par son ministère « chaque fidèle est soutenu d'une manière effective dans le don de soi-même au Christ; ... par le réseau qu'elle tisse, chacun se trouve effectivement relié à ses frères; ... par la voix humaine qui enseigne et qui commande, chacun entend aujourd'hui même la voix de son Seigneur » (cf. de Lubac, Médit., p. 205).

Nous pensons à la phrase de saint Ambroise: « Mater ergo viventium Ecclesia est » (P. L. 15, 1585). La Mère des vivants. Pensons-y, très chers fils. Réjouissons-nous-en. Envions à sainte Catherine mourante les ultimes paroles de sa vie ardente: « En vérité, j'ai consumé et donné ma vie dans l'Église et pour la sainte Église: et ce fut pour moi une grâce toute spéciale » (Joergensen, 518-519).

Qu'il en soit ainsi pour Nous, ainsi pour vous, très chers fils, avec Notre Bénédiction apostolique.

PAUL VI

Extrait de : Actes Pontificaux. Éditions Bellarmin

Texte italien dans L'Osservatore Romano du 16 juin 1966. Traduction des Actes Pontificaux,

Elogofioupiou.over-blog.com

 

 

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V
Merci
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