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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

3 mars 2016 4 03 /03 /mars /2016 09:53

Et parce que nos croix diffèrent, nos âmes aussi connaîtront une gloire différente. Trop souvent nous pensons qu'au Ciel il y aura une sorte d'équivalence avec nos positions sociales d'ici-bas ; que par exemple les domestiques sur terre, seront domestiques au ciel ; que les personnalités sur terre seront des personnalités au ciel. Ce n'est pas vrai.

Dieu tiendra compte de nos croix. Il sembla le suggérer dans la parabole de l'homme riche et de Lazare : « Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et pareil­lement Lazare ses maux. Maintenant il est consolé ici, et toi tu souffres. » (S. Luc XVI, 25.)

Il y aura une brillante récompense pour ceux qui souffrent ici-bas. Du fait que nous vivons dans un monde où la position sociale est basée sur la richesse, nous oublions trop que dans le royaume de Dieu, les notables sont ceux qui font sa volonté. Les premiers seront les derniers, et les derniers les premiers, car Dieu ne tient pas compte des personnes.

Une dame riche et haut placée dans la société arriva au ciel. Saint Pierre lui montra une belle demeure et lui dit : « Voici la maison de votre chauffeur ». « Eh bien ! dit-elle, si c'est là sa maison, quelle va être la mienne ! » Désignant une minuscule chaumière, saint Pierre lui dit alors : « Voilà la vôtre ». « Impos­sible, je ne puis vivre là-dedans ! » s'exclama-t-elle. Et saint Pierre de répondre : « Je regrette beaucoup, mais c'est tout ce que j'ai pu faire avec les matériaux que vous m'avez envoyés ! » Ceux qui ont souffert, comme le bon larron, ont envoyé à l'avance des matériaux de bonne qualité.

Qu'importe ce que vous faites ici-bas ; ce qui importe, c'est l'amour que vous y mettez. Le balayeur de rues qui, au nom de Dieu, accepte une croix due à sa position dans la vie, par exem­ple le mépris de ses concitoyens ; une mère de famille qui dit son fiât à la volonté de Dieu et élève ses enfants pour le royaume de Dieu ; les malades dans les hôpitaux qui disent leur fiât à la dou­leur qui les crucifie, sont des saints non canonisés, car qu'est-ce que la sainteté sinon une fixité dans le bien, acquise en s'aban­donnant à la volonté suprême de Dieu.

Il est typiquement américain de croire, qu'à moins de faire quelque chose de grand, on ne fait rien. Mais du point de vue chrétien, une chose n'est pas plus grande qu'une autre. L'impor­tance provient de la façon dont notre volonté utilise les choses. C'est pourquoi balayer un bureau pour l'amour de Dieu est plus important que diriger ce même bureau pour l'amour de l'argent.

La plupart de nos misères et de nos malheurs proviennent de notre révolte contre notre condition présente, augmentée de fausse ambition. Nous en arrivons à critiquer toute personne plus haut placée, comme si son manteau d'honneur avait été volé sur nos épaules. Soyez assurés que si la volonté de Dieu est que nous accomplissions une certaine tâche, elle sera accomplie, même si le monde entier s'insurgeait pour dire « non ». Mais si nous obte­nons cet honneur en abandonnant la vérité et l'humilité, il sera amer comme l'absinthe et le fiel.

Chacun d'entre nous doit louer et aimer Dieu à sa propre manière. L'oiseau loue Dieu en chantant, la fleur en s'épanouis­sant, les nuages par leurs ondées, le soleil par son éclat, la lune par sa clarté, et chacun d'entre nous par sa patience et sa résigna­tion aux épreuves de sa condition.

Au fond, votre vie ne comprend que deux choses : 1° des devoirs actifs, des circonstances passives. Les premiers dépen­dent de vous ; faites-les au nom de Dieu. Les secondes échappent à votre contrôle ; il faut vous y soumettre au nom de Dieu. Ne considérez que le présent ; abandonnez le passé à la justice de Dieu et l'avenir à sa providence. La perfection de la personnalité ne consiste pas à connaître les desseins de Dieu, mais à s'y sou­mettre à mesure que les circonstances de la vie nous les révèlent.

En réalité, il n'y a qu'un raccourci dans la voie de la sain­teté, c'est celui que Marie choisit dans la Visitation, celui que Nôtre-Seigneur choisit à Gethsémani, celui que le voleur choisit sur la croix — c'est l'abandon à la volonté de Dieu.

Si l'or, dans les entrailles de la terre, ne disait pas son fiât au mineur puis à l'orfèvre, jamais il ne deviendrait le calice de l'autel. Si le crayon ne disait pas son fiât entre les doigts de l'écrivain, jamais nous n'aurions le poème ; si Notre-Dame n'avait pas dit son fiât à l'ange, jamais elle ne serait devenue la Maison d'Or ; si Nôtre-Seigneur n'avait pas dit fiât à la volonté du Père à Gethsémani, jamais nous n'aurions été rachetés ; si le voleur n'avait pas dit fiât dans le fond de son cœur, jamais il n'aurait escorté le Maître pour entrer au Paradis.

Ce n'est qu'à cause de notre refus de laisser Dieu agir en nous que nous sommes ce que nous sommes, des chrétiens mé­diocres, débordants d'enthousiasme un jour, et abattus le lende­main. Comme du marbre rebelle, nous nous révoltons contre la main du sculpteur ; comme une toile sans vernis, nous redoutons les touches de couleurs du Divin Artiste. Nous craignons telle­ment qu' « en Le recevant, nous n'ayons à renoncer à tout » et nous oublions qu'il n'y a plus à se soucier des étincelles lorsqu'on possède tout le feu de l'amour, ni de l'arc quand on a le cercle parfait.

Nous commettons toujours l'erreur fatale de croire que ce qui compte c'est ce que nous faisons, alors que ce qui compte en réalité, c'est ce que nous laissons Dieu faire en nous. Dieu envoya l'ange à Marie, pour lui demander, non pas de faire quel­que chose, mais d'accepter que quelque chose fût fait.

Puisque Dieu est un meilleur ouvrier que vous, plus vous vous abandonnez à lui, plus il peut vous rendre heureux. S'il est bien d'être arrivé par ses propres moyens, il est mieux encore d'être arrivé par l'aide de Dieu.

Il est certain que Dieu vous aimera, même si vous ne l'aimez pas, mais rappelez-vous que si vous ne lui donnez que la moitié de votre cœur, il ne pourra vous rendre heureux qu'à moitié. Vous objectez qu'alors vous ne jouissez de la liberté que pour la sacrifier ? A qui la sacrifiez-vous ? Vous la sacrifiez aux inspira­tions du moment, à votre égoïsme, aux créatures, ou à Dieu ?

Savez-vous bien que si vous sacrifiez votre liberté à Dieu, au ciel vous ne serez plus libre de choisir, parce que possédant ce qui est parfait, il n'y a plus à choisir. Et pourtant vous serez par­faitement libre, car vous ne ferez qu'un avec celui dont le Cœur est liberté et amour !

Extrait de : DU HAUT DE LA CROIX. Mgr Fulton J. Sheen

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